Le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, a annoncé officiellement hier le rejet par son pays de la résolution du Conseil de sécurité qui exigeait la suspension de l'enrichissement de l'uranium. Le Conseil de sécurité avait établi un délai courant jusqu'au 31 août. Le président iranien, qui s'exprimait lors d'un rassemblement populaire retransmis par la télévision, a toutefois indiqué que l'Iran allait donner sa réponse officiellement au Conseil de sécurité le 22 août. Mais les observateurs ne se trompent pas sur la réponse officielle que donneront les autorités iraniennes. Le ton utilisé par le président iranien et la réponse donnée avant terme lors d'un discours relance le différend publiquement. Les autorités iraniennes donnent la réponse avant le délai arrêté par le Conseil de sécurité pour mieux juger de la réaction des principaux pays qui font pression et voir venir. La conjoncture semble favorable à l'Iran qui ne s'est pas gêné pour déclarer publiquement la victoire du Hezbollah dans le conflit avec Israël. Le message était codé. Mais la manière de s'exprimer du président iranien ne fait aucun doute. L'Iran se prépare à un conflit militaire et ne semble pas redouter, y compris une intervention militaire sous quelque forme que cela soit. Pour le président iranien, les pays occidentaux se trompent en utilisant la résolution « comme un bâton ». Dans son discours, le président iranien a laissé entendre que l'Iran ne renoncera pas à son droit à l'enrichissement de l'uranium. Toutefois, et dans cette épreuve, il ne renonce pas à la coopération ni au dialogue, mais refuse « le langage de la force » comme il est souligné dans le discours de son Président. Certains analystes ont vu dans l'opération israélienne contre le Liban une sorte de répétition d'une opération contre l'Iran visant à détruire ses installations nucléaires. L'échec d'Israël, qui n'est pas arrivé à détruire les capacités de lancement des missiles du Hezbollah, a encouragé davantage l'Iran dans son différend. Plusieurs dirigeants religieux iraniens n'excluent pas dans leurs discours des menaces de frappes contre Israël en cas d'agression extérieure. Par agression extérieure, ils visent aussi bien les Etats-Unis qu'Israël puisque les Iraniens n'oublient pas que si Israël leur vendait des armes dans la guerre qu'il menait contre l'Irak, et que si les Etats-Unis vendaient des armes à l'Irak dans sa guerre contre l'Iran, c'est ce même Israël qui a bombardé les installations nucléaires irakiennes et qu'ensuite ce sont les Etats-Unis qui ont dirigé deux guerres contre l'Irak. Les Etats-Unis semblent décidés à prendre des sanctions économiques et politiques dans le sens d'un embargo plus poussé que celui qui a cours actuellement, et ce, même s'ils ne sont pas rejoints par les autres membres du Conseil de sécurité. La résolution du 31 juillet dernier avait été obtenue assez facilement par les pays occidentaux. Israël devrait encore jouer un grand rôle dans les coulisses, surtout que le président iranien s'est prononcé publiquement pour sa destruction. Le conflit sur le nucléaire va revenir au premier plan avec comme probabilité un programme de sanctions destiné à affaiblir économiquement l'Iran en vue de l'amener à négocier.