Le secrétaire général de l'ONU s'est vu confirmer par le président iranien que Téhéran refusait la suspension de l'enrichissement de l'uranium Premier homme politique de haut rang à visiter Téhéran depuis l'expiration du délai accordé par le Conseil de sécurité à l'Iran pour se mettre en conformité avec les directives de l'Aiea et de la Résolution 1696 -à propos de la suspension de son enrichissement de l'uranium- Kofi Annan, secrétaire général de l'ONU s'est vu confirmer par le président iranien, Mahmoud Ahmadinejad, le refus de l'Iran de suspendre avant des négociation son programme nucléaire. D'autre part, le Parlement iranien étudie actuellement une loi qui donnera au gouvernement iranien le droit de «suspendre» les visites d'inspection de l'Aiea (Agence internationale de l'énergie atomique, sous l'égide de l'ONU) aux centrales nucléaires du pays si le Conseil de sécurité décide de «priver l'Iran de ses droits légaux» en matière nucléaire, a indiqué, hier, un parlementaire iranien. Comme quoi, l'Iran qui a affirmé ne pas craindre d'éventuelles sanctions de la part du Conseil de sécurité, se prépare également à prendre d'autres initiatives pour préserver son «droit» à la recherche scientifique dans le domaine du nucléaire. Dans une conférence de presse faite hier après sa rencontre avec M Ahmadinejad, Kofi Annan a indiqué, en effet: «Le président m'a assuré que l'Iran était prêt à négocier et à trouver une solution à la crise (...), (mais) il n'accepte pas la suspension avant des négociations». M.Annan, avait, dès son arrivée, samedi, à Téhéran, évoqué avec différents responsables iraniens ce dossier controversé. Le secrétaire général de l'ONU a, ainsi, eu des entretiens avec, notamment Ali Larijani, responsable du Conseil national de sécurité et principal négociateur iranien. M.Larijani a déclaré, à la presse, que «les deux parties se sont accordées sur le fait que la meilleure solution est de résoudre les questions à travers des négociations». De fait, M.Annan, qui tente de jouer le plus positivement possible son rôle d'arbitre, entre l'Iran et les grandes puissances, notamment occidentales, avait déjà fait part au quotidien français Le Monde -avant son déplacement en Iran- que la patience était plus efficace que les sanctions pour amener l'Iran à suspendre son programme nucléaire. Indiquant «je ne crois pas que les sanctions soient la solution à tous les problèmes. Il y a des moments où un peu de patience produit beaucoup d'effets». Ce sentiment est cependant loin d'être partagé par tous, singulièrement par les Etats-Unis, plutôt adeptes de la manière forte pour soumettre les récalcitrants. Insistant lourdement sur le «dialogue», le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Hamid Reza Assefi a réitéré, hier que «le dialogue est la seule façon d'atteindre une solution, les autres moyens seront frappés d'impotence et ne fourniront aucun résultat». Dans ce bras de fer, le Parlement iranien a aussi mis son grain de sel en décidant d'examiner une loi pouvant permettre au gouvernement de Téhéran de «suspendre» les inspections de l'Aiea des centrales nucléaires iraniennes. Selon un parlementaire qui a requis l'anonymat, «la proposition de loi pour suspendre l'entrée des inspecteurs de l'AIEA en Iran a été déposée au Parlement» Prenant les devants, Téhéran avait averti, samedi, les grandes puissances qu'il réviserait sa politique de coopération avec l'Aiea, chargée d'inspecter ses installations nucléaires, si le Conseil de sécurité de l'ONU décidait de sanctions à son encontre. Selon le parlementaire «La commission des Affaires étrangères et de la sécurité nationale du Parlement va commencer l'examen de cette proposition de loi». De son côté, le président de la commission des Affaires étrangères du Parlement, Allaeddine Boroujerdi, a indiqué que sa commission «a préparé une proposition de loi qui prévoit que, si malgré toutes les souplesses et la coopération de l'Iran avec l'Aiea et les pays 5+1, le Conseil de sécurité décide de priver l'Iran de ses droits légaux, le gouvernement suspend toutes les inspections actuellement en cours». Confirmant que son pays est prêt à toutes les éventualités, le représentant de l'Iran auprès de l'Aiea, Ali Asghar Soltanieh, avait, lui aussi, déclaré samedi que «si le Conseil de sécurité décide de sanctions ou de mesures punitives, il ne fait pas de doute que la République islamique d'Iran révisera sa politique de coopération» avec l'Aiea. En effet, l'Iran qui ne s'est pas soumis à la résolution 1696 exigeant la suspension de l'enrichissement de l'uranium risque, selon les analystes, des sanctions de l'ONU après son refus de se conformer aux exigences onusiennes arrivées à échéance le 31 août dernier.