Rarement une saison estivale a été aussi terne que celle de 2006 et, avec en prime, une saleté repoussante et visible partout. « Nous sommes la commune la wilaya la plus sale du pays », criera presque un routier. « Il y a bien eu des tentatives de maintenir des espaces verts mais l'entretien est absent », dira un Blidéen de souche, amoureux de la nature. Les boulevards Larbi Tébessi et Lotfi ainsi que l'avenue Amara Youcef sont les vitrines de la ville et doivent, pour cela elles doivent être, protégées quotidiennement des comportements négatifs d'une frange — ou toutes les franges (?) de la population. Le soir venu, au moment où des familles et des citoyens sortent pour oublier la moiteur de la journée, les trottoirs et les espaces sont occupés par des jeunes en mal d'évasion cérébrale à défaut d'évasion physique. Etalés sur le gazon, accaparant les espaces piétonniers avec les vélos, mobylettes et motos, ils se laissent aller à des libertés de langage faisant fuir les êtres normalement constitués. « Je paie mes impôts et je suis en droit d'exiger une présence autoritaire de la police ! », s'exclamera un salarié qui ne comprend pas la passivité des pouvoirs publics devant les abus répétés de jeunes des cités dortoirs, de jeunes permissionnaires, de voleurs, pickpockets, voyous en nombre sans cesse croissant. Des canettes de bière, des bouteilles et des packs de vin rouge se trouvent en abondance bien après le lever du jour et les services de la voirie n'arrivent qu'une fois que tout le monde a su que des beuveries sont organisées à ciel ouvert. « On dit Blida la ville des Roses : j'aimerais bien la voir avec des bancs propres, des terrasses de café respectant la clientèle, des bassins d'eau de sacs et autres morceaux de pain et boîtes de yaourt », tonnera un autre quadragénaire qui déclare souffrir de cet état. Les autorités,de l'avis de tous, parlent de la ville des Roses dans les salons, les réceptions et oublient l'absence de pissotières et de points de surveillance pour réprimer tout abus. Chiens errants, mendiantes et mendiants accompagnés d'enfants, dortoirs clandestins dans les lieux publics, ivrognes, malades mentaux : c'est le quotidien de personnes qui enragent encore de ne pouvoir partir en vacances et qui découvrent à longueur de journées ce qu'est devenue leur ville. « Huit SDF se sont regroupés et, à tour de rôle, font la cuisine ou passent le balai », une phrase relevée du quotidien français Le Monde daté du 4 août dernier en page « Société ». L'hygiène et la propreté sont le propre du citoyen civilisé, du citoyen musulman ou des deux à la fois ? Un groupe de personnes se porte volontaire pour nettoyer le jardin à proximité d'un estaminet qui se laisse décrépir. « Une citerne d'eau, des balais et de gros sacs : cela nous reviendra à combien pour donner l'exemple aux autorités ? » La place de la Liberté ne mérite pas son sort actuel d'autant plus qu'une longue liste de martyrs est gravée sur des plaques de marbre ! Nonchalance des pouvoirs publics en cette pause estivale où le dynamisme culturel bat son plein... ailleurs.