Volontaires sont les deux jeunes frères Midoun, Zine El Abidine, 25 ans et Walid Chems Eddine, 21 ans. En moins de deux mois, deux courts de tennis laissés à l'abandon — ou en friche — à Azur Plage sont devenus opérationnels pour accueillir des dizaines de jeunes enfants venus apprendre ou les rudiments du tennis ou perfectionner leur passing shoot, leur service, leur revers ou leur coup droit avec… vue sur mer. Des parents enthousiasmés ramènent leurs futurs champions et espèrent beaucoup de ces jeunes éducateurs émigrés revenus au pays en 2004 avec la conviction qu'ils peuvent monter une école de tennis et former en quelques années des champions. « Nous aurons notre première athlète vainqueur d'un grand tournoi en 2013 ! », assurera l'aîné des deux frères. L'Algérie, pour lui, inscrira son nom au tournoi de Tarbes des 13-14 ans avec la jeune Ibbou Inès, prise en charge depuis sept mois et à laquelle a été accordée une pause depuis quelques jours suite à un travail acharné : « Il s'agissait de rattraper un retard sur le mental accumulé par cette fille qui possède la graine de championne », renchérit le déjà grand Midoun, reprochant au passage l'absence de remise en cause du citoyen algérien. Venus avec des qualifications, des brevets d'Etat en tennis acquis en France, les deux frères ont eu le temps de faire le tour des différents courts de France, connaître des athlètes et étudier leur cursus. Zinou ne mâche pas ses mots sur l'accueil qui leur avait été réservé par la Fédération algérienne, les embûches rencontrées. « Le tennis n'est pas bien introduit en Algérie et nous voulons monter une école sport-études. Des hommes nous ont mis des embûches au niveau de la fédération. » Autre caractéristique perçue mais sur le plan purement sportif : « Il est étrange de constater que tous les pratiquants veulent devenir champions : celui qui ne réussit pas dans la performance sportive peut s'orienter vers des métiers périphériques comme la médecine du sport et même avocat chargé des intérêts d'un champion ». Clôturant le débat sur les rapports avec l'autorité sportive, Zinou, qui venait de filmer les jeunes poussins et leur avait présenté les images de leurs défauts, assènera : « Nous sommes jeunes, nous savons être patients et nous triompherons ! » Pour lui, un champion se prépare sur dix années et le tennis est un sport ingrat quand on voit que c'est l'athlète qui doit se prendre en charge. « Ce sport nécessite un esprit de guerrier et nous nous devons d'inculquer ce désir de vaincre à nos poussins et benjamins, car il ne faut pas oublier qu'il n'existe pas de match nul dans cette discipline. » Pour l'académie Midoun du Tennis, un Algérien fera partie du top 100 dans un peu moins de dix ans et « notre objectif final sera de voir des athlètes algériens participer aux quatre tournois du Grand Chelem. » Pour y arriver, le pays doit passer par la détection des jeunes talents et créer des centres de formation. « Avec 150 millions de centimes par an pour un centre, on pourrait sortir 10 à 20 jeunes capables d'aller très loin. » Il fera savoir que des courts couverts verront prochainement le jour dans cet espace tout proche du parking où nombre de familles viennent laisser leur voiture avant d'aller goûter aux joies de la mer. Les jeunes apprenants de l'école tout comme les benjamins revenaient sur un des courts pour une compétition de fin de séance. La journée s'achevait donc et des parents venaient récupérer leurs enfants avant de les ramener le lendemain. M. Hocine révélera qu'il a sacrifié ses propres séances de footing matinal pour le bien de ses deux enfants qui « apprennent dans la joie et la bonne humeur et… passent également des vacances studieuses ». Il faisait encore très chaud à 17h, heure du retour.