Visites guidées dans la vieille cité grâce au site internet Vinyculture Reconnue comme un joyau architectural et culturel exceptionnel, et inscrite à ce titre au patrimoine mondial de l'humanité, La Casbah d'Alger est malheureusement dans un état qui ne peut inspirer que l'élégie sur sa splendeur d'antan. En effet, les cris d'alarme et de désespoir à son sujet ne manquent pas de ressurgir périodiquement dans les médias sans grand effet sur la situation qui prime sur le terrain. Mais l'amour et l'admiration pour la vieille ville demeurent toujours vivants. La passion pour La Casbah n'est pas le propre de ceux qui y sont nés. Une nouvelle génération, qui a grandi dans les cités sans âme de notre modernité bricolée, revient avec un nouveau regard vers cette cité porteuse d'histoire. Nous avons eu le plaisir de partager un de ses retours vers La Casbah à travers une soirée organisée par la dynamique équipe de Vinyculture. Avec plusieurs dizaines de participants, les animateurs de cet agenda culturel en ligne avaient envahi, fin novembre 2014, le palais Dar Khedaoudj El Amia. Située dans la Basse Casbah, cette somptueuse demeure, construite pour la fille de Hassan Pacha à la fin du XVIe siècle, abrite le Musée national des arts et traditions populaires. L'espace d'une soirée, le vénérable édifice était animé d'une belle ambiance entre visite guidée, concert et projection. L'objectif de cet événement est de «faire revivre les lieux» en attirant un nouveau public, explique Yasmine Bouchène, fondatrice de Vinyculture et initiatrice de la soirée. Elle et son équipe ont donc entrepris de mettre à profit leur connaissance de la communication en ligne pour décrocher les internautes de leur écran et les amener à découvrir La Casbah. Les visites guidées, qui se tiennent depuis un an et demi, ont rencontré un bel accueil de la part d'un public de tous âges, notamment des jeunes qui vivent, pour certains, à quelques kilomètres de La Casbah, sans forcément la connaître. «Je n'avais moi-même jamais visité La Casbah, avoue-t-elle, et je trouvais ça fou pour quelqu'un qui a vécu à Alger toute sa vie. Pour y remédier, j'ai fait part de mon intention à mon meilleur ami, qui a été affolé et m'a demandé de ne surtout pas penser à y aller seule. J'ai dès lors décidé de créer un événement et d'inviter les milliers de lecteurs du site. Résultat : 300 emails de confirmation envoyés et une boîte de réception au bord de la crise de nerfs !» Cette initiative a donc bel et bien rencontré une réelle demande et un public qui ne demandait qu'à être informé. C'est justement le maillon de la communication qui fait généralement défaut. «Nous avions assisté à la Nuit au Musée, se souvient Bouchène, et c'était triste de constater que la communication avait manqué autour de cet événement, qui avait permis aux musées du pays, dont ceux de La Casbah, d'ouvrir jusqu'à 2h du matin». Evidemment, de telles initiatives ne sauveront pas La Casbah mais elles ont le mérite de sensibiliser à la question de sa sauvegarde en suscitant la rencontre et en créant des liens affectifs entre un large public et ce patrimoine qui appartient à tous.