Depuis un peu plus d'un mois, il ne se passe pratiquement plus un jour sans qu'il n'y ait des accrochages sanglants entre groupes touareg et milices que les leaders du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) accusent d'être «à la solde de Bamako». Les deux camps se sont à nouveau affrontés dans la matinée d'hier près de Tarkinte. Des hommes armés venus de Gao ont, selon nos sources, attaqué une position contrôlée jusque-là par des mouvements touareg dirigés par le colonel Hassan Ag Fagaga. «Lors de cette bataille, les miliciens pro-Bamako ont perdu 14 éléments et 6 voitures. Nous avons également faits 4 prisonniers», affirme notre source, qui précise en outre que «du côté du colonel Hassan Ag Fagaga, un combattant a été tué». Les miliciens aurait été poursuivis jusqu'à la périphérie de Gao. Au moment où nous mettions sous presse, les combats avaient pris fin. En revanche, la situation était loin d'être calme à Kidal où des manifestants ont saccagé les installations de la Minusma au niveau de l'aéroport de la ville. Les éléments de la Minusma, auxquels il est notamment reproché de protéger des «criminels», se sont repliés dans un camp de militaires français. Dans les environs de Tabankorte où avaient été enregistrés mardi de violents combats entre les deux camps, un cessez-le-feu était observé hier. Les groupes et mouvements touareg (MNLA, HCUA et MAA) ont perdu 10 combattants dans les combats. «Défaits», les miliciens ont quant à eux regagné à la hâte le village de Tabankorte sous la protection des forces de la Minusma. C'est, mentionne-t-on, au moment de la retraite de ces milices qu'un hélicoptère de la Minusma a mitraillé une position des mouvements touareg. Inutile de dire que l'intervention de la Minusma a été décriée hier avec véhémence par la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). L'on parle même de fracture. Dans tous les cas, pour la CMA, «il n'est plus question de partenariat avec la Minusma dans la lutte contre l'insécurité dans la région depuis cet acte d'iniquité. Acte qui pourrait avoir des conséquences sur les négociations en cours». Des délégués des mouvements touareg rencontreront certainement aujourd'hui le représentant spécial des Nations unies pour le Mali pour «exiger des explications concernant ce grave dérapage et les collusions constatées entre la Minusma et les milices armées qui activent à Tabankorte». Les miliciens, accusés de «rouler au profit de Bamako» ont, indique-t-on, pour base principale justement cette localité située à 200 km au nord-est de Gao, où se trouve un détachement de la Minusma. Cela fait dire, d'ailleurs, aux mouvements touareg que «miliciens pro-Bamako et trafiquants de drogue sont protégés par les forces des Nations unies». Ces miliciens en question partiraient de Tabankorte pour mener des opérations contre les positions armées des mouvements (MNLA, HCUA, MAA). Les affrontements entre les deux camps ont commencé le 16 janvier dernier, mais ilsétaient moins violents que ceux enregistrés mardi. Pour les mouvements touareg, il est important de neutraliser les miliciens de Tabankorte car, selon eux, «ils menacent les négociations de paix au Mali». Certains leaders touareg disent même que ce qui s'est produit mardi pourrait être le grain de sable qui risque de bloquer toute la machine des négociations inclusives intermaliennes mise en place en août dernier. Ces négociations, faut-il le rappeler, sont censées entamer leur dernière ligne droite en février prochain à Alger. La médiation internationale conduite par l'Algérie, qui mise beaucoup sur ce dernier round, est donc prévenue. Rien n'est encore gagné.