Le dialogue inclusif inter-malien a débuté hier à Alger, après un report de deux jours, dû probablement aux derniers évènements qui ont secoué le Nord-Mali. Les affrontements de jeudi et vendredi, qui ont opposé le Mouvement national pour la libération de l'Azawad (Mnla) au Mouvement d'auto-défense des touareg Imghad et alliés (Gatia), dans la région de N'tilillte, ont sérieusement mis en péril le processus de paix entre les groupes politico-armés du nord avec les autorités maliennes, accusées d'être derrière ces nouvelles violences. Contraint de combattre en retraite avant de quitter N'tillite, le Mnla accuse en effet l'armée malienne d'avoir violé le cessez-le-feu, en actionnant Gatia, un mouvement armé fraîchement créé par Fahed Ag Almahmoud, plutôt acquis à Bamako pour maintenir la région de l'Azawad dans le giron des autorités maliennes. Pour le Mnla, Bamako s'est servi de Gatia pour s'attaquer à ses camps, où ses éléments sont confinés depuis le début du processus de paix à Alger, ce que récuse évidemment l'armée malienne. «Les affrontements ayant opposé d'un côté la Coordination des Mouvements de l'Azawad et de l'autre l'armée Malienne et ses milices affiliées à N'tilillte à la fin de la journée (du vendredi) ont fait des victimes de part et d'autre», lit-on dans le communiqué rendu public par le Mnla sur son site Internet. Ce mouvement a fait état de la mort de 14 membres du côté de l'armée malienne et de Gatia, dont le chef des opérations Iliass Ag Intikwa, et 9 blessés. Le Mnla et ses alliés ont enregistré, selon le même communiqué, uniquement «2 morts et 3 blessés», lit-on sur leur site Internet. «La Coordination des Mouvements de l'Azawad a décidé de quitter le village, après des combats intenses et la pression des renforts venus de Gao dont des blindés de l'armée malienne vers le petit soir», a ajouté le texte. Ces violences ont fait réagir la Mission onusienne de maintien de la paix au Mali (Minusma) qui a déployé des renforts dans la région pour éviter une éventuelle reprise des hostilités. L'ONU a rappelé, via la Minusma, l'obligation des parties en conflit à respecter la feuille de route des discussions d'Alger et l'accord de cessez-le-feu du 23 mai 2014 qui a été conclu à Ouagadougou, au Burkina Faso. «A la veille de la reprise des pourparlers de paix, toutes les parties maliennes et tous les groupes armés sont tenus de respecter scrupuleusement leurs engagements en vertu des accords conclus. Ils doivent au peuple malien de faire preuve de responsabilité pour assurer que ces pourparlers puissent se dérouler dans des conditions favorables à la conclusion d'un accord de paix inclusif, global et définitif, qui est la seule issue viable à la crise malienne», a rappelé le représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations unies au Mali, M. Arnauld Akodjénou, dans un communiqué de la Minusma. Vendredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé les différentes parties à «négocier de bonne foi», pour mettre fin à ce conflit qui dure depuis six décennies et qui a repris depuis 2012. Les parties maliennes ont intérêt à signer la paix, pressées par la menace terroriste des islamistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, d'Ansar Eddine et du Mouvement de l'unicité pour le jihad en Afrique de l'Ouest. Ces trois mouvements ont repris du terrain dans le Nord-Mali et ont mené plusieurs attaques depuis le 24 septembre, date à laquelle les négociations d'Alger ont marqué une pause de trois semaines. Pour rappel, outre les représentants du gouvernement malien, les six mouvements qui négocient à Alger sont le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA), la Coordination pour le peuple de l'Azawad (CPA), la Coordination des Mouvements et Fronts patriotiques de résistance (CM-FPR), le Mnla, le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) et le Mouvement arabe de l'Azawad (dissident). La société civile malienne a pris part, elle aussi, à l'ouverture de la deuxième phase de ces discussions le 1er septembre à Alger, mais en tant que membre observateur, pour une meilleure transparence dans ce dialogue. L. M.