Un ami vient de m'apporter un poème de Adnan Esselwani (1). C'est une élégie pour les deux frères du poète tués au Sud-Liban par les bombardiers israéliens : « Demain, Le soleil Se couchera peut-être ; Un blanc Est sur la montagne ; Ils sont trois Je pensais Au chiffre UN. » Ils étaient trois. Maintenant, il est tout seul, mais en poète visionnaire, Adnan Esselwani est habile à tracer, en quelques traits, une esquisse où l'humanité n'est jamais absente : « Ma mère priait près de la tombe De Naba Zine. Le fils apparaît Et s'inquiète ; La mort Toujours au Sud, frappe sur mes frères ; De loin je ne vois Qu'une plaine Où gît Un panier de crabes ; Mon frère courant, Dans l'eau qui ruisselle, Lance la phrase à la terre des Aïeux ‘‘Le Sud souhaite faire ta connaissance''. » La mort des frères ne fait pas oublier à notre poète l'appel de sa terre. Il prolonge son attention prêtée à l'actualité par une perception aiguë des événements : « L'oncle Sam Ou l'oncle Tom A vu Sa face déchirée Par les éclairs du jour. Demain Nous nous retrouverons Sur les plages du Sud. » Sam ou Tom, Bush ou Olmert, la machine de la mort obéit bien aux mains des bourreaux. Mais ces derniers ont vu leur face déchirée par les enfants du Liban. 1- Né au Liban-Sud(Tyr). Il écrit en français et en arabe.