En 2013, les pouvoirs publics ont pris la décision de s'attaquer au commerce informel à travers l'ensemble du territoire. C'était un plan d'éradication effective de ce fléau dont le préjudice financier sur le trésor public ne souffrait aucune ambigüité. Les espaces squattés par les marchants illicites, sédentaires ou occasionnels, ont été nettoyés manu militari, parfois même avec un zèle excessif, à la grande satisfaction des commerçants et de certains citoyens tant les premiers se sont débarrassés d'une concurrence déloyale, les seconds des nuisances sonores, voire visuelles. Près de deux années après, que reste-il de ce plan et quelles étaient ses limites ? Si, les artères principales de la ville ont été relativement épargnées du retour du commerce informel en raison des chantiers de réhabilitation de dizaines de bâtisses, dans le cadre de la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe 2015, à contrario, les entrées des agglomérations et des cités de la banlieue en sont devenues le terreau. L'on y assiste à une véritable explosion et les exemples sont légion. A la cité Boussouf, à l'Est de Constantine, à Zouaghi, sur les hauteurs de la ville, sur la RN 5 menant à Aïn Smara ou la RN 7, à El Khroub… c'est le même décor qui est planté : camionnettes et autre véhicules de transports de marchandises sont stationnées sur la chaussée, par endroits les unes après les autres, offrant à des prix abordables ou pas, selon l'estimation du consommateur, une grande variété de fruits et légumes. Un retour en force que d'aucuns auront constaté, particulièrement les autorités locales censées veiller au respect de la loi. Mieux encore, certains vendeurs se plaisent à s'installer à proximité des barrages routiers, assurés par les éléments de la gendarmerie ou la police, comme c'est le cas à plusieurs endroits sur la route d'Aïn Smara. Et ce forcing ne semble pas se limiter dans son expansion puisqu'il grignote, chaque jour davantage, sur les espaces disponibles sur les bords des routes et les entrées des agglomérations. Un fait accompli qui a laissé immuable l'autorité compétente. Ni municipalités ni direction du Commerce ne donnent l'air d'être préoccupées par le problème. «La commune de Constantine a sévit contre les marchés illicites de la cité El Bir mais à la fin c'était un délogement puisque les étals ont été dressés à nouveau un peu plus bas sur le même axe routier», fera remarquer un commerçant, excédé par ce genre de pratiques et l'absence de solution radicale. Coté officiel, Constantine a livré bataille contre le commerce informel, preuve s'il en est, la nuée de marchés de proximité livrées en 2014. Dix-huit marchés réceptionnés Selon la direction du commerce, les neuf communes de la wilaya ont réceptionné durant l'année 2014 pas moins de 28 marchés, dont 11 ont été réalisés dans la commune d'El Khroub, 8 à Constantine, 2 à Didouche Mourad, 2 à Aïn Abid et 5 autres répartis sur les localités d'Aïn Smara, de Zighoud Youcef, d'Ouled Rahmoune, de Messaoud Boudjeriou et d'Ibn Badis. «Ils font partie d'un total de 39 espaces de ce type inscrits à l'indicatif de la wilaya dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, en vue de résorber le commerce informel et d'offrir des emplois à de jeunes chômeurs», précise la même source. Un coup d'épée dans l'eau puisque le commerce informel pullule de plus belle. Somme toute, le discours officiel demeure en parfaite contradiction avec la réalité mais la réponse est à chercher ailleurs. Cette politique du fait accompli, sera-t-elle longtemps tolérée ? Rien n'indique que cette situation durera ad vitam aeternam mais pour l'heure, les pouvoirs publics s'en accommodent aisément.