Ili (sois, koun) est le nom générique choisi par des artistes plasticiens pour leur exposition clôturée hier à la galerie Mustapha Kateb de l'établissement Arts et culture (Alger). Pris du titre d'un recueil de poésie de M'hamed Boussaïd, l'exposition, qui a duré une quinzaine de jours, a réuni quatre peintres, tous issus de l'école des beaux-arts et influences picturales artistiques presque identique. Les tableaux accrochés aux cimaises du centre de l'établissement de la rue Didouche Mourad sont de facture abstraite pour la plupart. L'impressionnisme y trouve aussi place. Les couleurs, parfois chatoyantes et vives, disent la vie, l'oppression, mais aussi l'identité commune. Le mot souvent rabâché d'engagement, que renferme le terme «Ili» (sois en kabyle), fait-il rejoindre sous le même signe tous ces plasticiens ? Aït Mehdi Salah, Boussaïd Meziane,Boussaïd-Mekideche, Hayet et Naït Saâd Messaoud ne récusent pas ce qualificatifs et ont repris le titre de la plaquette de M'hamed Hassani,dédicacée par son auteur, en toute connaissance de cause. «Nous sommes pour cette thématique. L'artiste, comme nous le concevons, doit s'engager pour son art, pour l'Algérie, etc.», estime Meziane Boussaïd, ancien des beaux-arts d'Alger et enseignant dans l'annexe de Azzazga. Aït Mehdi Salah n'en pense pas moins, lui qui relève que l'art, tel qu'il est conçu par son groupe, doit aller vers les citoyens par la multiplication des espaces de rencontres. «Interrompue par une intrusion de la wilaya» L'apport des pouvoirs publics, du mécénat et même du citoyen lambda devra aider à faire connaître le travail des artistes, qui ne doivent pas se couper de la société. L'exposition, prise en charge en entier par les plasticiens eux-mêmes, ne s'est pas déroulée sans certains accros.Les artistes ont eu, les premiers jours,la désagréable surprise de voir leur exposition de peinture «interrompue par une intrusion de la wilaya pour placer des panneaux au beau milieu de la salle d'exposition, gênant ainsi la visibilité et créant une confusion totale pour les visiteurs (…) Cette attitude est une atteinte à l'artiste, ainsi qu'à l'occasion de Yennayer», s'est indigné sur sa page facebook Meziane Boussaïd, qui a décidé, d'un commun accord avec ses amis de maintenir toutefois l'exposition. Les artistes, qui regrettent l'absence ou même l'orientation de certaines galeries, prévoient d'organiser d'autres expositions toujours sous le même mot générique «Ili». La maison de la culture de Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou «a donné son accord de principe » pour recevoir les artistes. Il en a été de même du Théâtre régional Malek Bouguermouh à Béjaïa. Bon vent !