Le Collectif contre la cherté des transports vers l'Algérie (CCTA) a dressé, hier, une liste non exhaustive de fils de pontes du pouvoir placés dans les différentes agences et bureaux d'Air Algérie à Paris et dans d'autres capitales européennes. On y trouve pêle-mêle des enfants de ministres anciens et nouveaux, de hauts responsables civils et militaires et de proches du président de la République. Cela fait mal au cœur de voir à quel point le népotisme a gangrené les institutions et les entreprises publiques. C'est quasiment une privatisation en bonne et due forme de l'Etat par ceux qui sont au pouvoir. Recruter ses enfants et ses proches est devenu le réflexe pavlovien de celui qui hérite d'un poste de responsabilité. Cette pratique éhontée s'est gravement ancrée dans les «mœurs» du régime en voie de disparition mais qui, par instinct de survie, plonge ses racines dans les rouages de l'Etat en y «plantant» sa smala. Quitte en cela à systématiser, à tous les niveaux, la médiocrité, tant certains rejetons des gens du pouvoir, à force d'être choyés et gavés de l'argent facile de papa, ne jugent pas utile de suivre des études supérieures. A quoi bon, en effet, perdre son temps sur les bancs de l'université, même étrangère, quand on est fils d'un ministre, d'un président du Parlement ou d'un général en particulier… Par une sorte de déterminisme sociopolitique, l'avenir de ces chouchous de la République est tout tracé ! Ce constat de la main basse sur les postes de responsabilité, voire même les emplois ordinaires mais basés à Paris, Londres ou Dubaï, ne se vérifie pas uniquement à Air Algérie. C'est une véritable armée de proches, amis et alliés qui peuple les ambassades, les consulats et autres représentations de l'Etat à l'étranger. Le phénomène du «ben âmisme» est consubstantiel à la gestion des affaires publiques. On se sert d'abord avant de penser, éventuellement, à servir l'Etat qu'on est censé représenter. L'enjeu, pour nos (ir)responsables, c'est bien sûr d'assurer les arrières de leurs enfants en leur garantissant des résidences et des jobs à l'étranger aux frais des contribuables. Il est rare de trouver dans une agence d'Air Algérie, dans un bureau de l'ENTMV, dans un consulat ou une ambassade ne serait-ce qu'un simple factotum qui ne soit pas lié à un haut responsable. S'il y en a quelques-uns, ils sont juste les exceptions qui confirment une règle algérienne non écrite. Et cette règle s'applique naturellement ici, en Algérie, où il n'est pas donné à n'importe quel quidam d'arracher un poste à Sonatrach, chez les opérateurs de téléphonie mobile ou dans les banques publiques et privées s'il ne dispose pas d'un parrainage d'en haut. C'est comme cela en Algérie, même les postes de responsabilité s'héritent au nom d'une insondable légitimité de ceux qui nous gouvernent à se régénérer à travers leurs enfants. Quant aux fils du peuple, même brillants et bardés de diplômes, ils sont contraints de faire de petits boulots ou carrément d'aller monnayer leurs talents dans un ailleurs meilleur, où le nom et la filiation n'ont pas droit de cité. Et on se gargarise de rationalisation des dépenses !