Les négociations relatives aux conventions collectives de branches devant encadrer les salaires des entreprises publiques et privées du secteur économique ont pratiquement pris fin. L'heure est aujourd'hui à leur application. C'est du moins ce que nous avons appris de sources proches des sociétés de gestion de participation de l'Etat (SGP) et de sources syndicales. C'est aux gestionnaires et aux syndicats des entreprises concernés qu'il revient maintenant de s'entendre sur le montant des augmentations de salaires à consentir aux travailleurs dans les limites des fourchettes arrêtées par les conventions de branches. Deux possibilités de valorisation des salaires liées à la situation économique et financière des branches et entreprises concernées ont été retenues. Elles prennent effet à compter du 1er juillet 2006. La première variante concernant les entreprises en bonne situation financière (banques, assurances, entreprises de presse, etc.) autorise une hausse des salaires de base dans la fourchette de 10% à 30%. Les entreprises publiques de presse ont déjà appliqué la convention en s'octroyant une augmentation de 20%. La seconde variante, concernant les entreprises en situation d'investissement ou de redressement, autorise une augmentation de salaires dans la fourchette de 5% à 15%. Elle concerne les entreprises en phase de mise à niveau ou d'exécution de business plan particulièrement restrictifs sur les dépenses de salaires. Contrairement aux deux précédentes conventions de branche (1997 et 2000), qui avaient consenti des augmentations de salaires aux entreprises de toutes les branches d'activité, y compris les plus sinistrées (textile, bâtiment, ameublement), celles qui viennent d'être conclues ne prennent pas en considération les entreprises déstructurées, qui dans les conditions actuelles n'arrivent pas à payer régulièrement les salaires des travailleurs qui accusent des arriérés de plusieurs mois. La prochaine tripartite sera l'occasion d'évoquer ce problème, mais tout porte à croire que si augmentation il y a, elle ne pourra se faire que par le truchement d'une hausse du SMIG qui sera, dit-on, porté à 12 000 DA. Les ajustements des grilles des salaires conséquents au relèvement du SMIG apporteront un léger mieux aux rémunérations des travailleurs concernés. Afin que les augmentations décidées ne portent pas préjudice à l'équilibre financier déjà bien fragile d'un grand nombre d'entreprises publiques, une directive d'application recommande aux partenaires sociaux (chefs d'entreprises et syndicats) d'éviter de recourir à l'endettement pour financer les hausses de salaires autorisées. De même qu'elle les exhorte à veiller scrupuleusement à ne pas dégrader les ratios et indicateurs de gestion en augmentant notamment l'activité et le rendement des travailleurs. C'est évidemment un vœu pieux qui ne peut avoir d'effet que dans la mesure où les conditions générales de travail aujourd'hui peu favorables à la productivité s'améliorent. Il aurait fallu pour ce faire activer les leviers de la stimulation (PRI, PRC et autres primes à la productivité), mais cet aspect fondamental a malheureusement totalement été ignoré. Le souhait des négociateurs des conventions collectives de branches, notamment l'UGTA à qui on a une nouvelle fois accordé le monopole de la représentation, est de voir les augmentations de salaires et autres décisions retenues appliquées par les entreprises privées. Ces dernières n'ayant pas été associées aux négociations, elles hésiteront à appliquer ces mesures d'autant plus que la majeure partie d'entre elles ne dispose pas de syndicats d'entreprise avec lesquels les patrons pourraient discuter des modalités de leur mise en œuvre. Néanmoins, la centrale syndicale compte très prochainement appeler le patronat privé à la table des négociations en lui proposant de procéder à une augmentation minimum de 20%. L'UGTA étant totalement absente dans le secteur privé, elle compte ainsi saisir cette opportunité pour y mettre pied. Un secteur privé qui, faut-il le souligner, emploie aujourd'hui plus de 1,2 million de salariés. Notons que les augmentations de salaires décidées profiteront à environ 300 000 travailleurs de 450 EPE et EPIC toutes branches d'activité réunies. Leurs organes de gestion (PDG, CA) et syndicats sont déjà à pied d'œuvre pour donner un contenu concret aux décisions arrêtées par les conventions de branches.