Va-t-on payer plus cher notre électricité et notre gaz ? La question revient à chacune des sorties médiatiques du PDG de Sonelgaz. Hier encore, Noureddine Bouterfa, qui intervenait au forum de la Radio algérienne, a rassuré quant à l'inexistence d'un plan pour l'augmentation des tarifs de l'électricité et du gaz. Dans l'immédiat du moins. Il n'a cependant pas écarté la possibilité de voir une telle mesure se concrétiser un jour ou l'autre. Le fait est que la situation du marché pétrolier inquiète, et encore plus la perspective de voir les revenus de l'Algérie baisser. Un contexte auquel nul n'échappe, encore moins le patron de l'électricien national, Sonelgaz, lequel doit mener un plan d'investissement ambitieux dans l'objectif d'augmenter les capacités de génération et répondre à une demande nationale sans cesse grandissante. M. Bouterfa est catégorique à ce sujet ; Sonelgaz maintiendra tous ses investissements dans le secteur et s'orientera vers le financement bancaire, aidée en cela par des garanties du Trésor, pour mener à terme ses projets. Le fait est, selon le PDG de Sonelgaz, dans un contexte de crise ou pas, la demande domestique en énergie continuera de croître et il faudra y répondre. Il n'en demeure pas moins que la question des prix pèse sur les projets de Sonelgaz. M. Bouterfa explique ainsi que le groupe qu'il dirige n'a pas la latitude de fixer les tarifs de l'électricité et du gaz qu'il distribue sur le marché algérien, cela dépendant des prérogatives du gouvernement. Il explique ainsi que le maintien des tarifs à un niveau jugé bas se justifie par des raisons économiques ; l'augmentation des prix de l'énergie pouvant induire une hausse généralisée des prix à la consommation. Il n'en demeure pas moins que les revenus générés par la distribution, estimés à 200 milliards de dinars, ne suffisent qu'à couvrir les frais de fonctionnement de Sonelgaz (salaires, maintenance et moyens généraux), tandis que les investissements pour l'installation de nouvelles capacités de génération nécessitent un financement de 500 milliards de dinars par an, d'où le recours au crédit pour combler le gap. M. Bouterfa considère cependant que les prix de l'énergie au niveau actuel dépendent des revenus de l'Algérie et des capacités du Trésor public à les maintenir. Selon lui, la génération de l'électricité est grandement tributaire du gaz cédé par Sonatrach. M. Bouterfa précise ainsi que dans un contexte de demande grandissante, Sonatrach doit aussi mener un plan d'investissement coûteux afin de répondre à la demande et dégager des excédents destinés à l'exportation. Or, le niveau des prix pourrait à terme poser problème même à Sonatrach. Les préoccupations liées à la préservation des ressources hydrocarbures fossiles, notamment le gaz ont également empreint les propos du PDG de Sonelgaz. Priorité aux entreprises nationales M. Bouterfa a largement vanté les mérites du programme de développement des énergies renouvelables et leur intégration au mix énergétique. Il estime ainsi qu'aucune source d'énergie ne suffira, à elle seule, à répondre aux besoins de la consommation interne à long terme. Et de préciser que les besoins en gaz de Sonelgaz pour la seule génération électrique sont passés de 12 milliards de mètres cubes en 2000 à 27 milliards en 2014, et pourraient bien atteindre les 100 milliards de mètres cubes d'ici une trentaine d'années. Il explique ainsi que les ressources actuelles risquent de ne plus suffire d'ici 2050. D'où la nécessité de diversifier les sources d'approvisionnement, comme le renouvelable et le nucléaire, qui seront des ressources d'appoint sans pour autant être une alternative totale à l'énergie fossile. Se montrant plus rassurant, M. Bouterfa a estimé que l'offre d'énergie devra totalement couvrir les besoins d'ici 2016. Il a également expliqué que le programme d'installation de capacités de génération nouvelles et de développement des énergies renouvelables s'accompagne d'une véritable logique d'industrialisation. Indiquant que Sonelgaz a abandonné le «clés en main» pour promouvoir une véritable industrie d'équipement, M. Bouterfa a plaidé pour une refonte de la réglementation actuelle afin de donner la priorité aux entreprises nationales investissant dans les technologies d'équipement et d'engineering dans le domaine de l'énergie. Il estime qu'on devrait promouvoir les PME issues des régimes Ansej, CNAC et Angem et les inciter à la fabrication d'équipements destinés aux centrales électriques et aux énergies renouvelables, les bureaux d'études et d'engineering, en faire des spécialistes EPC en les subventionnant, en leur garantissant un marché et en leur donnant la priorité par rapport à des entreprises étrangères se contentant parfois d'importer les équipements pour les installer. Ce qui ne peut être possible qu'en donnant plus de liberté et d'initiative aux entreprises publiques afin de traiter avec le privé national, conclut M. Bouterfa.