L'aggravation du déficit s'explique par la baisse des recouvrements fiscaux, notamment de la fiscalité pétrolière, et la hausse des dépenses budgétaires. Les politiques budgétaires commencent déjà à montrer des signes de fléchissement. Le bilan du ministère des Finances, pour les 11 premiers mois de l'année 2014, évoque un important creusement du déficit global du Trésor. Celui-ci aurait d'ailleurs augmenté de 43% par rapport à son niveau durant la même période de 2013. L'aggravation du déficit s'explique par deux facteurs combinés, à savoir la baisse des recouvrements fiscaux, notamment de la fiscalité pétrolière, et la hausse des dépenses budgétaires. Selon les chiffres publiés cette semaine par la Direction générale de la prévision et des politiques (DGPP), affiliée au ministère des Finances, les recouvrements de la fiscalité pétrolière a baissé de 8% entre 2013 et 2014. Une baisse induite par la chute des cours du brut dont le prix moyen, durant la période ciblée, est passé 108,08 dollars en 2013 à 99,25 dollars en 2015. Il n'en demeure pas moins qu'en raison des bonnes performances du baril de brut au premier semestre 2014, les résultats publiés ne peuvent en aucun cas refléter l'ampleur de l'impact d'un recul prolongé des cours sur les équilibres budgétaires. Les ressources pourraient donc être lourdement grevées au cours de l'exercice 2015. Pour ce qui est du chapitre des dépenses, celles-ci ont fait un bond de 14%. En cause, une légère croissance de 6% des dépenses de fonctionnement. Des dépenses alimentées notamment par les ressources affectées au titre des transferts courants, à la bonification des taux d'intérêt des crédits bancaires, lesquelles passent pratiquement du simple au double, à l'emploi de jeunes, ainsi qu'à la solidarité nationale. Il n'en demeure pas moins que le facteur qui a le plus lourdement pesé sur le budget est la hausse fulgurante des dépenses d'équipement qui ont inscrit un bond de 36%. Des dépenses largement affectées à l'habitat, l'énergie et les mines, les services productifs ainsi qu'aux infrastructures économiques et administratives. Au-delà des déficits, la situation des opérations du Trésor fait ressortir certaines fragilités de la gestion budgétaire. Le calcul des données de la DGPP permet ainsi de conclure que les ressources de la fiscalité ordinaire couvrent à peine 52% des dépenses de fonctionnement. Elle met également en évidence un recours massif au Fonds de régulation des recettes (FRR) pour la couverture du déficit du Trésor, tandis que ses ressources ne font que décroître. Les chiffres pour les 11 premiers mois de l'année 2014 mettent ainsi en évidence une baisse de 13% de la plus-value issue des la fiscalité pétrolière et versée au FRR, tandis que les prélèvements ont atteint 1127 milliards de dinars. D'ailleurs, l'évolution de l'épargne cumulée au niveau du FRR inquiète, d'autant plus que le bas de laine s'amenuise. Selon les prévisions gouvernementales englobées dans le cadre de la loi de finances 2015, les disponibilités du FRR devaient se situer, à fin décembre 2014, à 5284,8 milliards de dinars, contre un montant de 5563,5 milliards de dinars, à fin décembre 2013, soit une baisse de 5%. Les prévisions tablent également sur une baisse des ressources du FRR à 4429,3 milliards de dinars en 2015. Des projections qui s'avèrent aujourd'hui bien optimistes si l'on prend en considération que depuis, le baril de brut a perdu 60% de sa valeur.