Les habitants du quartier populaire de Besurica, situé dans la périphérie de la ville de Piacenza, célébreront, ce soir, une messe de commémoration à la mémoire des trois victimes du crash du C130 d'Air Algérie, en signe de gratitude pour leur manœuvre salvatrice. Par ailleurs, l'équipe de football locale a annoncé vouloir organiser un tournoi amical en hommage à l'équipage algérien. Alors que les investigateurs italiens nommés par le parquet de Piacenza pour faire la lumière sur les circonstances exactes qui ont provoqué l'accident aérien survenu dimanche dernier au sud de Milan (Italie) et qui a coûté la vie aux deux pilotes chevronnés Mohamed Tayeb Bederina et Mohamed Abdou, et à l'expérimenté technicien de navigation Mustapha Kadid, ont entamé le décryptage de la boîte noire de l'avion-cargo, les habitants de la ville de l'Emilie-Romagne où le C130 s'est écrasé ont suivi l'exemple de leur maire et décidé d'exprimer à leur manière leur reconnaissance aux trois navigateurs décédés qui ont tout fait pour éviter de faire des victimes parmi les riverains. En ce lundi d'août, les paroissiens ont décidé de tenir une messe de recueillement à l'église du quartier pour invoquer la paix pour les âmes des trois Algériens morts en hommes responsables et altruistes. Des associations culturelles et sportives réfléchissent à des initiatives pour rendre hommage à l'équipage d'Air Algérie. La nature humaine étant par essence contradictoire, les bons sentiments ont rivalisé, cependant avec des penchants moins nobles comme l'hystérie, la panique, la curiosité et la superstition. C'est ainsi que les policiers de la ville sont obligés de monter la garde autour du site où le crash s'est produit pour empêcher les badauds et les « collectionneurs » d'un genre cynique de dérober des débris de l'avion ou d'autres objets tombés de l'appareil. Dans les heures qui avaient suivi l'accident, une macabre chasse au souvenir avait poussé plusieurs habitants de la région à emporter des restes de l'avion, jusqu'à ce que le parquet de la ville invite les « collectionneurs » indélicats à restituer les pièces dérobées, insistant particulièrement sur le flight data recorder, l'enregistreur des paramètres de vol, considéré comme la pièce déterminante pour l'enquête en cours. Un autre phénomène curieux a fait son apparition à Piacenza, les receveurs des guichets habilités à la loterie ont observé l'engouement inhabituel des joueurs locaux pour des chiffres particuliers et qui se répétaient, le 13, le 20 et le 3, qui ne sont rien d'autre que le jour et l'heure de l'accident ainsi que le nombre des victimes. Deux autres faits divers ont été relevés à l'occasion. Le maire de la ville et certains habitants ont déclaré aux journalistes accourus pour s'informer sur le drame qu'au début, quand ils ont aperçu l'écriture en arabe sur les morceaux de tôle de la carcasse de l'avion d'Air Algérie, ils ont tout de suite pensé au 11 septembre 2001 et ont craint qu'il ne s'agisse d'un attentat terroriste. L'autre peur des habitants a été déclenchée par les propos de certains experts qui ont affirmé que dans la fabrication du fuselage des Hercule, un métal particulièrement dangereux était utilisé, l'uranium appauvri, ce qui a provoqué une hystérie collective des habitants, heureusement vite apaisée par les tests effectués par les techniciens de l'agence de contrôle de la radioactivité qui ont écarté tout risque pour les riverains, affirmant que les pièces en question étaient probablement recouvertes d'un autre métal, le tungstène.