S'il y a un secteur qui a connu un véritable boom à Tiaret, c'est sans conteste celui de l'habitat. Ployant sous l'effet d'exodes massifs, plusieurs localités dont le chef-lieu furent débarrassées de ces ceintures de la misère. Des milliers de familles ont bénéficié de logements décents mais beaucoup d'autres ont été laissées sur le carreau. Des poches de misère sont disséminées dans les dédales de la vieille ville et des «haouchs» qui ont vu défiler plusieurs générations et avec des familles carrément mises entre parenthèses. Ces oubliés du relogement méritent qu'on braque sur eux les projecteurs car leur désarroi n'a d'égal que les longues années passées à hanter les couloirs des mairies et des daïras. Trois situations résument la problématique dans la région. Rahni Karima, 33 ans, bien que jeune reste un cas atypique. Victime d'un incommensurable drame familial, elle et ses trois enfants n'ont pas cessé, depuis quinze ans, de quêter un toit. En vain. Marié à un homme devenu bourreau d'une de ses progénitures, Karima qui s'abritait jusque-là dans un cloaque misérable perdu dans la nature a dû saisir la justice pour un acte bestial qui a valu le viol de sa fille Ibtissam, âgée en 2005 de seulement dix ans. Une promiscuité qui a valu à l'innocente créature de perdre sa virginité et qui garde jusqu'à nos jours des séquelles indélébiles. Au-delà du verdict de dix ans d'emprisonnement contre le père incestueux, le calvaire de Karima n'a pas cessé. Devenue une proie pour rapaces, elle a appris à frapper à toutes les portes des responsables pour voler à son secours en lui octroyant un toit. En vain. De guerre lasse, cette jeune femme a vu se tisser autour d'elle une solidarité agissante, notamment des gens de «Nass El Kheir». A l'aide de quêtes, l'on a pu louer une petite pièce à Karima et ses enfants mais le problème reste posé car après son éjection elle trouva refuge dans un kiosque qu'elle loue en recourant à la générosité d'autrui. Larbi Atia a 67 ans, végète à «village Sbagnoul» dans une minuscule pièce délabrée avec sa mère. Larbi, un Tiaréti que les enquêteurs ont oublié lors du recensement de 2007. Conséquence de cette désastreuse situation, Larbi est resté célibataire endurci. Idem pour la famille Blal qui habite, depuis plus de 60 ans, dans une minuscule bicoque à «haouch Glaise». Le comble pour cette famille, c'est que tous les voisins ont bénéficié d'un logement, et qu'elle reste un exemple d'injustice sociale dans l'Algérie du faste. Jusqu'à quand ?