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Ne fabriquons pas un alzheimer urbain
Merhoum/Faïdi. Architectes.
Publié dans El Watan le 13 - 02 - 2015

La fondation ANMA/F organise, jusqu'à avril à Paris, une expo originale sur Alger la ville, la ville en vie, son urbanisme et son devenir. L'occasion de revenir, aussi, avec les architectes Mohamed Larbi Merhoum et Halim Faïdisur les grands défis de la ville et ses possibilités.
Oscar Niemeyer regrettait, en vous parlant du projet de la bibliothèque arabo-sud-américaine, qu'il s'agissait à l'origine d'un programme plus fonctionnel qu'architectural, est-ce un constat qu'on peut généraliser actuellement aux autres projets ?

Halim Faïdi En réalité, il déplorait l'absence de commande d'architecture. On a dû faire annuler le concours pour gagner une œuvre d'Oscar, sans quoi, il ne passait pas au filtre. Dans la majorité des cas, la commande se satisfait d'un programme surfacique dans lequel il y a une confusion totale entre architecture et construction. D'où voulez-vous que naisse l'architecture ? Je dis qu'une question bien posée contient la moitié de la réponse et qu'une question mal posée entraîne une réponse fausse, voire une fausse réponse.

- Chaque nouvelle cité débouche sur une mini-guerre civile de quartier : est-ce une fatalité ?

H. Faïdi Oui, oui et oui. Là où il y a une cité nouvelle, il n'y a pas d'architecture et il n'y a pas d'urbanisme. Ce sont des commandes de construction faites à des entreprises de construction qui n'intègrent pas votre bien-être dans leurs clauses de marché. La prise en charge de la question du logement devrait s'ouvrir à d'autres prismes que le nombre de logements à produire, car nous risquons de passer d'une crise du logement à une crise d'urbanisme, dont les conséquences pourraient être autrement plus fâcheuses pour la société et le pays.
Ce qui manque, c'est de considérer la nécessité de l'urbanisme. Saviez-vous que si chaque promoteur algérien, dans le cadre de plans d'urbanisme cohérents et suivis, avait un plan de charge pour quatre immeubles seulement dans l'année, nous construirions un million d'habitations par an sans toucher à l'argent du Trésor public ? La puissance des PME réunies est supérieure à celle d'une major isolée, fut-elle publique ou internationale.

Mohamed Larbi Merhoum: Les «cités» que nous construisons depuis 15 ans sont fatalement vouées à devenir des ghettos et donc des «territoires perdus pour la République». Ces modèles d'urbanisme que nous avons hérités des grands ensembles de l'après-guerre ont montré leurs limites et leur incapacité à produire de l'urbanité.
Les rares exemples qui ont pu relativement bien vieillir sont ceux dont la taille est raisonnable et qui, et c'est le plus important, se situent à l'intérieur des villes, plus ou moins inscrits dans une armature urbaine solide et pérenne. Le cas de Diar El Mahçoul, Diar Essaâda, cité la Concorde de BirMourad Raïs (à ne pas confondre avec la catastrophe de la «concorde civile» à Bab Ezzouar), sont autant d'exemples de grands ensembles dessinés avec soin et pacifiés, avec le temps, par la contamination positive de la ville.
Et plus près de nous, les cités des Sources, de Garidi ou Saïd Hamdine ont compensé leur pauvreté typologique, architecturale et constructive par une densité convenable, une forme de mixité sociale et un raccordement à la ville. Il n'en demeure pas moins que ces ensembles résidentiels ne produisent aucune vie, ce sont des cités-dortoirs pacifiées et «pacifiables», sans plus. C'est donc bien la ville qui fait le «citoyen». Nos médinas (La Casbah, Ghardaïa, El Eubbad, Tness lahder) et nos villes ont toutes «fabriqué» et «fabriqueront» des citoyens.
C'est immuable. Tout comme il est immuable que ce que nous produisons comme cités, mono-segmentées sociologiquement, faiblement équipées, sans ancrage ni raccordement possibles avec la ville, sont incapables intrinsèquement de produire de «la ville», du «vivre-ensemble», mais plutôt du «vivre-à-côté» et même du «vivre-contre», comme c'est le cas à Diar El Malha en contrebas de Aïn Naâdja. Elles sont même, et c'est le plus grave pour la cohésion sociale, devenues «radioactives». Il nous faut passer de «la cité intégrée», qui n'est qu'une étape palliative, à intégrer la cité dans la cité.

- Quelles possibilités pour Alger : restaurer ou détruire ? Embellir ou décentrer le centre historique ?

H. Faïdi Il n'est pas possible de décentrer l'histoire. Donc, il faut créer de nouveaux centres et les qualifier. Embellir du beau, c'est l'enlaidir. Détruire ? De quel droit ? Restaurer ? Pas partout et pas trop vite. Les bons termes sont le classement, la réhabilitation et la gestion.

M. L. Merhoum C'est une lapalissade de dire qu'Alger est une ville mythique qui a traversé les temps et les hommes. Elle a montré une capacité d'adaptation inouïe. Aujourd'hui, construire la ville sur la ville est une tendance mondiale que partagent tous les urbanistes de bon sens et à laquelle ont adhéré tous les gestionnaires des grandes villes mondiales. Alger est en attente, depuis 30 ans, pour rentrer dans le cercle des grandes métropoles méditerranéennes comme Marseille ou Barcelone. Malheureusement et heureusement (paradoxe algérois !), les crises successives de tous ordres et l'absence de mécanismes d'arbitrages consensuels, fussent ils autoritaires, ont permis de maintenir «les centres» d'Alger globalement en l'état. Enfin, le plan stratégique 2030 est venu tracer un cap macro structurel qui va permettre une mise a niveau général d'Alger sur le plan des infrastructures et utilités pour la mettre dans les starting bloc du développement... Seulement, de quel développement parlons-nous ? Certainement pas celui de Dubaï ni celui de Bakou. Il nous faudrait préserver le caractère unique d'Alger, son ADN, ce dernier tient à sa topographie et à sa composante sociologique d'abord, puis à son parcellaire, ses gabarits qui se produisent dans un chaos organisé, à l'équilibre fragile. Cette richesse de typologie de rues, de places, d'écritures architecturales très diversifiées mais cousines siamoises sous la lumière bleuâtre spécifique d'Alger...tout n'est pas a garder mais l'ensemble doit être préservé. Il nous faudrait pour ce faire passer d'un urbanisme stratégique a un urbanisme centimétrique, celui de l'arpenteur. Mais cela ne saurait se faire avec les outils actuels de gestion, de prise de décision, de programmation, de définition des droits à construire simpliste et désincarnée dont les dégâts sont déjà visible à Hussein Dey et à Kouba qui subissent depuis quelques années une véritable violence des spéculateurs de tous bords qui trouvent dans l'imprécision, l'inintelligence et l'opacité des droits, toutes les brèches pour faire subir a ces quartiers une douloureuse hémorragie. Ne fabriquons pas un Alzheimer urbain, il y va de notre mémoire collective.

- Comment construire un avenir partagé ? Pourquoi ne penser que vers le Nord, alors que la dimension africaine est complètement niée ? Où est-ce une vision romantique ?

H. Faïdi Pour construire un avenir partagé, il faut d'abord accepter de partager quelque chose dans la construction de l'avenir. Je reviens d'Addis- Abeba où nous avons tenu une réunion d'experts internationaux sous l'égide de l'ONU concernant les transformations structurelles et l'urbanisation en Afrique. L'Afrique est en train de réfléchir à reprendre son avenir en main et donnant d'abord du travail et des métiers aux Africains afin qu'ils définissent et réalisent par eux-mêmes leur cadre de vie. A suivre ou pas ?

M. L. Merhoum Cette question ne relève pas d'une vision romantique, elle pose un problème fondamental lié al'aménagement du territoire. Effectivement, nous donnons l'impression que nous ne sommes pas encore sorti du temps ou l'Algérie était encore un département français ! Du temps où la frange utile pour l'économie de la métropole était concentréeau nord. Bien sûr que la politique industrielle des années 70 se voulait réparatrice, rétablissant une forme d'équilibre régional, mais cela n'a pas suffit et n'a surtout pas résisté à la chute du cours du pétrole puis celle du mur de Berlin. Les récents événements des territoires du sud algérien ont mis en évidence que cette dimension africaine, ancestrale a été oubliée. Je l'ai compris quand un concitoyen du fin fond de l'Algérie a dessiné, le temps d'une émission de télé, une véritable carte des enjeux économiques sud/sud, absolument illisible au premier abord pour un nordiste comme moi ! Notre pays est un continent mais il est encore géré à partir d'Alger ! A partir des bureaux feutrés orientés au et vers le nord ! Se pose alors la question de donner un véritable pouvoir aux territoires, que la décision ne soit plus verticale de la «centrale» vers la «locale», mais dans les deux sens. Et même plus, il faut permettre des transversalités «locale"/locale». Il est aberrant que l'échelle régionale soit encore un tabou ! Il est tout aussi aberrant que la compétition entre les territoires ne soit pas comprise comme un moteur de développement au nom d'une supposée «équité» qui ressemble plus a de l'égalitarisme des années révolues et par peur d'un danger de partition ! L'état central seul distributeur de bonheur à 40 millions d'Algériens sur près de 2 millions de mètres carrés a montré définitivement ses limites !

- Où en est l'architecture des bureaux d'études et des expos de l'urbanisme réel algérien, l'autoconstruction, les bâtisses jamais terminées (car projets d'avenir), le réel ?

H. Faïdi : Le réel est pour l'instant affiché par celui qui commande ou ne commande pas l'architecture. Je me rappelle d'une exposition organisée par l'ARPC (Agence de réalisation des projets culturels) il y a un peu plus de deux années sur l'architecture en Algérie. Ni l'architecte Merhoum ni moi-même n'y figurions, pourtant consacrés prix nationaux pour des œuvres identifiables. Problème d'autisme? Je ne crois pas. Clanisme? Probablement. Nous en sommes malheureusement là.

M. L. Merhoum Tout d'abord, l'architecture et les bureaux d'études sont deux choses antinomiques. L'architecture est le fait d'agences d'architecture ou de sociétés d'architecture, libres parce que libérales. Elles sont mises en compétition pour leur talents et ont un devoir de conseil pour l'impartialité que leur confère leur appartenance à un ordre professionnel, l'ordre des architectes, véritable institution de la république qui doit veiller à l'intégrité de la profession et son épanouissement dans le strict respect des règles déontologiques. Elles ont bien sûr une obligation de résultat. Le bureau d'études accompagne l'architecte dans l'élaboration des dossiers techniques relatifs aux multiples utilités de plus en plus complexes que doit remplir un édifice. Le bureau d'études s'occupe d'ingénierie. Il a par contre une obligation de moyens. L'ingénierie est en vente libre et les bureaux d'études sont à compétences équivalentes, interchangeables.

Les architectes ne le sont pas parce que le talent ne l'est pas. Votre lapsus est révélateur : nous avons hérité de cette confusion des genres des années 70 et 80 quand la profession d'architecte était administrée au sein de structures publiques, réduisant l'homme de l'art à un simple maillon dans un processus de production de bâtiment. Et n'eût été la crise de la fin des années 80 et l'avènement des programmes d'ajustement structurel imposé par le FMI, qui a libéré au même titre que les architectes, notaires, huissiers et autres, nous n'existerions pas. Nous devons notre libéralisation à la crise ! Seulement voila, libéralisation ne veut pas dire forcément libération. Or, le talent a besoin de liberté pour exister. Le talent a besoin de challenge pour s'exprimer. Le talent a besoin d'exigence de qualité et de performance pour être reconnu et identifié. Savons nous reconnaitre et identifier la qualité architecturale ? Non. Et plus généralement, sommes nous, comptables de la qualité ? Non. Un maître d'ouvrage public est il promu ou viré pour la qualité des ouvrages qu'il livre ? Un élu est il disqualifié ou réélu pour la qualité des espaces urbains qu'il valide par délibération publique ? Non. Un architecte est il dénoncé ou encensé pour la qualité des bâtiments qu'il dessine? Non. Des citoyens refuseraient-ils d'aller se soigner dans des structures hospitalières manifestement pas aux normes ? Des parents d'élèves refuseraient-ils de mettre leurs enfants dans une crèche, une école, un lycée déprimants et schizophréniques de non architecture ? Non.

Refuseraient-ils de se loger dans les ghettos définitifs et irrémédiables qu'on leur propose ? Evidemment, non. La qualité n'est pas un luxe réservé aux nantis ou aux programmes institutionnels de premier plan. La qualité architecturale est une exigence citoyenne au même titre que l'impôt légitime et équitable est un devoir citoyen. Cette distorsion des valeurs est le fait des rapports que nous entretenons avec la chose publique, caractérisés par une profonde indifférence, sinon une prédation calculée. La qualité n'est donc pas la seule affaire des architectes même s'ils en assument une grande part de responsabilité parce qu'ils sont censés être formés pour la reconnaître et la promouvoir. Il en résulte un environnement bâti et non bâti que tout le monde refuse mais que tout le monde fabrique, ne serait-ce que par indifférence des uns et l'impunité des autres. Il en résulte aussi que la qualité est devenue conjoncturelle, accidentelle.

Quant à l'ordre des architectes, sensé défendre voire imposer la qualité, il est bel et bien redevenu une institution à part entière, après dix ans d'errance, avec ce que cela suppose, malheureusement, comme vacuité et clientélisme. Il était naïf de croire que l'intérêt de la profession, donc de la société, soit plus attractif que les scintillements factices de la république !Concernant l'urbanisme réel et l'autoconstruction, qui semblent ne pas correspondre à l'urbanisme et à l'architecture officiels, cela trouve une part d'explication dans les bouleversements qu'a connus notre jeune pays, l'incapacité de ses élites et de sa classe politique à construire un projet de société «moderne».
Nous sommes passés d'une société sans individu, socialisme oblige, à des individus sans société, libéralisme rentier oblige. Les destins individuels ont supplanté l'idée de destin collectif. L'autoconstruction a phagocyté toute idée d'espace à partager, de cohérence globale à atteindre et à faire respecter parce que reconnue d'utilité publique. La loi 08/15 portant régularisation des constructions inachevées prouve bien les rapports de prédation devenus la seule monnaie d'échange entre l'administration et les administrés.
Nous avons été incapables de formaliser des rapports sains autour d'enjeux nobles et légitimes. L'urbanisme informel s'est imposé à nous de la même manière que l'économie informelle ! Il dessine sur le territoire de nouveaux rapports de force nés et mûris dans l'ombre bienveillante de notre manière de gérer la cité, de notre mode de gouvernance.

- Alger 2030 abandonnée partiellement ? Pourquoi ? Y a-t-il des alternatives à ce macro-projet ?

H. Faïdi Je me sens mal à l'aise pour parler de ce grand projet car j'étais finaliste en 2007 de la compétition et notre approche n'a pas été retenue par la wilaya d'Alger. Alors, mon avis est nécessairement subjectif. Je crois que les projets d'urbanisme sont faits pour s'adapter aux époques et aux conjonctures.
Dieu sait que je ne suis pas en accord avec toutes les orientations de ce projet, mais la nécessité de son exécution m'en rend pleinement solidaire et je ne veux pas croire que le projet est abandonné, même partiellement. Non. Ce serait un non-sens. Je pense que la plupart des choses va se faire mais dans un autre ordre. Question de style seulement. Confiance accordée.

M. L. Merhoum Le plan stratégique Alger 2030 pose une cohérence, à court, moyen et long terme, à plusieurs échelles de «niveaux de décision», adapté à notre système de gouvernance, centralisé et fortement administré.
Il sous-tend, et c'est moins visible, une mise a niveau des infrastructures, réseaux et utilités, pour permettre à Alger de rattraper son retard en matière de mobilité, gestion des déchets, adduction d'eau potable, assainissement, épuration des eaux, enfouissement des réseaux, intégration des TIC, et autres actions de fond sans quoi tout développement pérenne serait largement compromis. Il préfigure aussi d'un nouveau mode de gouvernance dont les maîtres-mots sont la performance, la libre entreprise, la transparence, où la création de richesse serait rendue légitime et équitable (non pas égalitaire) par un Etat fort et régulateur. Cadastrer le territoire, le rendre public, accessible à tous, tracer efficacement les flux financiers, revoir la politique de subventions tous azimuts, y compris la politique du logement, reconsidérer le rôle du capital privé de l'Etat et le capital privé tout court, redonner aux élus le pouvoir de transformer leur territoire, d'y emmener du capital, d'y imaginer une fiscalité appropriée, etc., sont autant de prérequis à l'accomplissement de ce plan stratégique. Enfin, la ville n'existe pas sans son arrière pays. Les deux doivent être en symbiose. Le développement du monde rural est aussi important que le développement de nos villes. Il faut redonner aux territoires des prérogatives, des compétences et des capacités propres d'agir et de se développer. Dès lors, les limites du plan d'Alger 2030 au même titre que celui d'Oran, de Constantine ou de Annaba sont donc plus d'ordre politique que technique et financier. Il nous faut opérer une mutation profonde dans notre manière de gérer la Cité. Ce n'est plus une option, c'est une obligation.


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