Le FLN réunit ses troupes à compter d'aujourd'hui, et ce, jusqu'au 25 août, à Béjaïa pour une université d'été qui intervient à un moment particulier de la vie du parti et dans un contexte national marqué par des enjeux qui le mettent au-devant de la scène. Le regroupement que devra inaugurer le chef du gouvernement et non moins responsable de l'instance exécutive du parti, M. Belkhadem, se donne pour devise « cohésion institutionnelle, efficacité économique, solidarité nationale ». Une devise qui suggère par l'un de ses énoncés au moins l'orientation que donnent les organisateurs au rassemblement. Côté conférences et travail en ateliers également, l'intérêt va à la chose constitutionnelle, avec notamment une communication sur l'évolution constitutionnelle en Algérie. La révision de la Constitution, dont la perspective concrète vient de se confirmer à travers le calendrier esquissé par le ministère de l'Intérieur (avant la fin de l'année), est l'une des priorités stratégiques du parti et son président, et le mot d'ordre semble mobiliser toutes les énergies militantes au sein de la formation. Un consensus qui paraissait solide jusque-là, mais qui vient d'être pour le moins fissuré par la récente sortie de Boualem Benhamouda à partir de Boumerdès et de la tribune donnée par l'université d'été de l'UNEA. Cette figure de proue du FLN pense que la révision de la Constitution « n'est pas une urgence ni une revendication des militants ». Des propos dont les échos planeront sans doute sur le regroupement de Béjaïa. Les déclarations devraient en principe porter à conséquence et libérer des voix ayant demeuré dans l'expectative, d'abord au sein du parti, puisque les déclarations de M. Benhamouda ont, par ailleurs, réaffirmé une réalité connue de tous, mais qui ne semble pas trop retenir l'attention des acteurs politiques : l'absence de tout débat national sur une échéance aussi décisive. Une remarque qui acquiert un sens particulier, car venant, pour une fois, d'une figure du « sérail » et qui, remise à l'échelle partisane, concerne en premier lieu la maison FLN. Sur ce registre, Mouloud Hamrouche, qui s'inscrit depuis des années dans l'opposition sans passer à l'acte de créer un cadre partisan, et s'exprimant via la même tribune offerte par l'organisation estudiantine, n'a pas fait mieux puisqu'il accorde une sorte de bénéfice du doute à la démarche de révision constitutionnelle dans la mesure où elle ne viserait pas à « perpétuer le règne d'une personne ou d'un clan ». D'aucuns seraient tentés par une grille de lecture qui verrait une résurgence de conflits internes au FLN et que l'on croyait définitivement enterrés avec la victoire de Bouteflika sur Benflis en 2004. Une lecture certes un peu facile, mais qui peut s'étayer par les résidus non désamorcés des anciennes empoignades organiques dont la persistance peut se vérifier, entre autres, à Béjaïa. Récemment et dans le propos d'une crise ouverte ayant opposé le président de l'APC de la ville et ses colistiers FLN, le premier responsable de la mouhafadha au niveau de la wilaya n'a pas hésité à jeter un pavé dans la mare en affirmant que le maire et ses pairs élus ne sont pas militants du FLN, laissant entendre qu'ils ont été imposés aux structures de base par les tenants des instances nationales. Le choix de Béjaïa comme lieu de regroupement est pour sa part soumis à interprétation. Au-delà du soucis de conforter une « percée » électorale, au demeurant toute relative en raison du fort taux d'abstention aux dernières élections partielles (plus de 80% des électeurs n'ont pas voté), le parti tente de s'incruster dans l'espace politique local en tablant notamment sur la symbolique de « l'intérêt particulier » accordé à la région par M. Belkhadem himself. C'est en tous cas le message porté lors de la visite éclair du chef du gouvernement, il y a un peu plus d'une semaine, dans la région de Tamokra. Une recette déjà tentée par le RND, sans grand succès. L'université d'été du FLN s'étale sur quatre jours.