Le pays fait face à l'insuffisance de l'offre de carburants face à une consommation croissante. L'Algérie, dont les capacités de raffinage ont baissé de 35% entre 2010 et 2013, est classée parmi les gros importateurs mondiaux de produits raffinés. La vulnérabilité du secteur raffinage en Algérie est une fois encore d'actualité dans le sillage des ruptures d'approvisionnement des stations-service en carburants, constatées ces derniers jours à travers le pays. Même si les responsables du secteur expliquent que les tensions observées sont dues non pas à une pénurie en carburants, mais aux conditions climatiques difficiles ayant perturbé l'approvisionnement des points de vente par voies terrestre et maritime, il est difficile d'occulter le manque de capacités de raffinage du pays. Malgré les projets de réhabilitation du parc existant et de construction d'usines annoncés, l'Algérie peine en effet à améliorer ses capacités de raffinage, dont une bonne partie a été perdue dans le sillage de la vétusté des installations datant, pour les plus récentes, des années 1980, et le non-renouvellement du parc. Le pays fait face également à l'insuffisance de l'offre de carburants face à une consommation croissante boostée notamment par l'activité économique en hausse et l'augmentation vertigineuse du parc automobile national, qui avoisine actuellement les 6 millions de véhicules. Selon le PDG de Naftal, Saïd Akretche, la demande en carburants a doublé, passant de 7 millions de tonnes en 2007 à 14 millions de tonnes actuellement. Pour y faire face, l'Algérie continue à importer depuis 2006 du gasoil. Le déficit a été aggravé par les problèmes de contrebande aux frontières que rien ne semble endiguer. En 2013, l'Agence internationale de l'énergie faisait remarquer dans un rapport sur l'industrie du raffinage que l'Algérie, dont les capacités ont baissé de 35% entre 2010 et 2013, était classée parmi les gros importateurs mondiaux de produits raffinés, avec une augmentation de 50% de sa demande en carburants durant la période de trois ans objet du rapport. Actuellement, l'Algérie «produit 8 à 9 millions de tonnes de gasoil et près de 4 millions de tonnes d'essence», selon Zoubida Benmouffok, directrice de la division raffinage à Sonatrach. Après la rénovation des deux raffineries d'Arzew et de Skikda, l'Algérie a «réduit de 40% la facture d'importation du gasoil et de 50% celle des essences», a déclaré la même responsable, qui souligne que le plan de réhabilitation des 3 raffineries – dont celle d'Alger, lancé en 2008, a coûté 4,5 milliards de dollars à Sonatrach. Au-delà de ce programme de réhabilitation de l'outil existant, Sonatrach a d'ores et déjà lancé un projet de construction de trois nouvelles raffineries d'une «capacité de production de 9 millions de tonnes de gasoil et de 4 millions de tonnes d'essence». Ces trois raffineries, qui coûteront chacune près de 3,2 milliards de dollars, seront réalisées à Tiaret, Biskra et Hassi Messaoud. Le programme global de construction d'outils de raffinage prévoit, à terme, d'augmenter la production, entre autres, des carburants. Il reste que l'objectif est loin d'être atteint puisque l'Algérie continue d'importer du gasoil et de négocier même des programmes de raffinage à l'extérieur du pays, comme il en a été récemment question avec les responsables égyptiens.