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Ali Benflis critique le régime et présente le projet de son parti : «La mobilisation policière aurait dû être contre les voleurs...»
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Publié dans El Watan le 26 - 02 - 2015

Un véritable réquisitoire contre le pouvoir d'un homme résolument engagé dans l'opposition. Ali Benflis, ancien candidat à l'élection présidentielle d'avril 2014, ancien chef de gouvernement et ancien secrétaire général du Front de libération nationale (FLN) qu'il a préféré quitter pour créer un autre parti politique, Talaîou El Houriyet, n'y va pas avec le dos de la cuillère en critiquant la manière dont est géré le pays.
Lors d'une conférence de presse qu'il a organisée hier au siège qui avait abrité sa permanence électorale, au lendemain de l'empêchement par la police du rassemblement initié par l'Instance de suivi et concertation de l'opposition (ISCO) dont il est membre, Ali Benflis qualifie le régime en place de «policier». «La liberté d'expression est un droit constitutionnel dont doivent jouir tous les citoyens algériens», souligne-t-il, avant de tonner : «En quoi l'opposition menace la stabilité ?» Et de marteler : «Ceux qui sont sortis mardi portent l'Algérie dans leur cœur.» «C'est le régime politique qui met le pays en danger et fait usage de la violence pour empêcher une manifestation pacifique», dit-il, avant de mettre encore une fois l'accent sur «la vacance du pouvoir».
«Pourquoi ne met-il pas autant d'énergie que celle qu'il a déployée contre l'opposition mardi, pour mettre fin à la prédation des deniers publics (l'évasion fiscale estimée à 40 milliards de dollars), et à l'entreprise de destruction qui menace l'Algérie ?» peste Ali Benflis. Selon lui, partout dans le monde, il y a des débats sur l'exploitation du gaz de schiste et cela a abouti, dans certains pays européens, à un consensus qui est appelé, en France entre autres, la transition énergétique.
«Chez nous, on fait comme si la question ne concernait pas les Algériens», souligne l'ancien chef de gouvernement, qui demande aux tenants du pouvoir de dire la vérité aux Algériens. «Si vous êtes contraints d'exploiter le gaz de schiste, dites-le aux Algériens», fulmine le conférencier, qui regrette par ailleurs que «la mobilisation contre les rassemblements de l'opposition ne soit pas faite contre les voleurs et ceux qui ont dilapidé les richesses du pays». «Il faut en finir avec la crise du régime, avec le retour à la légitimité», a indiqué M. Benflis.
Le processus, selon lui, se décline en trois étapes : «La première concerne l'organisation, par une instance indépendante, des élections à tous les niveaux (locales, législatives et présidentielle). La deuxième a trait à l'engagement d'une transition démocratique et la préparation d'une nouvelle Constitution, tenir une conférence nationale pour mettre en place une charte où tout le monde doit s'engager à ce que la nouvelle Loi fondamentale ne devienne un jeu et prémunir la mosquée et l'administration des manipulations politiciennes. Et la troisième phase sera l'application des lois et faire fonctionner l'Etat selon les standards démocratiques.»
Le rôle de l'armée
Quid du rôle de l'Armée nationale populaire ? Ali Benflis répond sans détour. Selon lui, l'institution militaire «doit être le garant du processus et de la charte du consensus et de la Constitution pour qu'on ne la remette pas en cause comme cela a été cas en 2008 lorsqu'on a supprimé la limitation des mandats présidentiels». L'ancien candidat à l'élection présidentielle précise en effet que ni l'opposition ni lui-même n'appellent à l'intervention de l'armée.
A propos du nouveau découpage administratif et de la création de wilayas déléguées, le conférencier souligne que personne n'ignore que l'Algérie est sous-administrée.
Mais pour lui, «c'est un dossier sérieux qu'il ne faut pas traiter avec une telle légèreté».Ali Benflis est revenu longuement sur son nouveau parti politique, dont le congrès constitutif «se tiendra durant la première semaine de juin prochain, peut-être même avant». Selon lui, Talaîou El Houriyet «s'inscrit dans la filiation historique de la République démocratique et sociale dans le cadre des principes islamiques dont ont rêvé nos pères ou nos grands-pères et qui tarde à voir le jour». «L'islam est l'un des socles de l'identité nationale ; il ne saurait faire l'objet d'une appropriation exclusive d'aucune sorte», a affirmé l'ancien chef de gouvernement.
Notre projet, ajoute-t-il, c'est «une société définitivement débarrassée de toutes les manifestations de la prédation des ressources nationales qui s'est emparée de notre pays durant la dernière décennie». «Aussi bien au sein du Pôle des forces du changement qu'au sein de l'Instance de suivi et de concertation de l'opposition nationale, nous continuerons à agir main dans la main, avec l'ensemble de nos partenaires politiques, pour l'organisation d'une transition démocratique ordonnée, consensuelle et apaisée», a soutenu Ali Benflis, Pour lui, «appartenir à l'opposition nationale en Algérie n'est pas chose aisée et c'est même une épreuve particulièrement rude».


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