La Libye est devenu un pays très inhospitalier pour les Egyptiens. Ils sont déjà plusieurs dizaines de milliers à avoir fui l'ex-Jamahiriya pour retourner dans leur pays. La raison ? L'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique en a fait des cibles prioritaires. Face à cette situation, l'Egypte a appelé l'ensemble de ses ressortissants à quitter ce pays. L'appel vaut surtout après l'exécution par la branche libyenne de l'EI de 21 chrétiens coptes, pour la plupart égyptiens. Le ministère des Affaires étrangères égyptien a annoncé hier, dans un communiqué, que «21 407 citoyens égyptiens sont passés par le poste-frontière de Salloum entre la Libye et l'Egypte», précisant que 4122 citoyens avaient également été rapatriés en une semaine via la Tunisie, par des vols affrétés par les autorités égyptiennes. Le nombre d'Egyptiens vivant en Libye n'est pas connu, mais ils seraient de plusieurs centaines de milliers selon les estimations. Ils travaillent notamment dans la construction et l'artisanat. Appréciations divergentes Le conflit risque-t-il maintenant de déborder sur les pays voisins comme le redoute l'Egypte ? Le porte-parole du ministère tunisien de la Défense soutient que non. «Le conflit en Libye ne représente pas un danger imminent pour la Tunisie», a-t-il estimé jeudi, tout en assurant que «l'armée était prête à toute confrontation». «La situation à la frontière (avec la Libye) est stable, il n'y a pas de danger», a jugé Belhassen Oueslati à l'antenne de la radio Shems FM. «La situation en Libye n'est pas stable mais les différents partis se combattent les uns les autres ; la Tunisie, pour eux, n'est pas une priorité», a-t-il encore assuré. M. Oueslati a néanmoins rappelé qu'un dispositif militaire accru était en place à la frontière avec la Libye depuis le dernier trimestre 2014 et que l'armée était prête, si nécessaire, à affronter des incursions sur son territoire. «Ce n'est pas la peine de s'inquiéter», a-t-il encore souligné. Le point de vue de la Tunisie sur la crise libyenne n'est cependant pas partagé par les Occidentaux qui ont renversé le régime de Mouammar El Gueddafi. Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a ainsi soutenu, au cours d'une conférence de presse à Rome à l'issue d'un entretien avec le chef du gouvernement italien Matteo Renzi, que son organisation est «particulièrement préoccupée et prête à soutenir ce pays en crise». «L'OTAN est prête à soutenir la Libye pour sa sécurité comme l'a demandé le gouvernement libyen» soutenu par la communauté internationale, a-t-il ajouté. Le chef du gouvernement italien a, de son côté, réitéré son soutien au gouvernement de Tobrouk, en Libye, souhaitant que les efforts de médiation de l'ONU permettent d'aboutir à une «paix durable». «Nous pensons qu'il faut partir du gouvernement de Tobrouk et nous espérons que les efforts de l'ONU permettront d'arriver à une paix durable en partant d'un gouvernement élu de manière démocratique», a déclaré M. Renzi. Le Parlement libyen reconnu par la communauté internationale a, rappelle-t-on, décidé lundi dernier de suspendre sa participation au dialogue organisé sous l'égide de l'ONU, en précisant qu'il en expliquerait ultérieurement les raisons.