Le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jens Stoltenberg, a déclaré jeudi soir, à l'issue de sa rencontre avec le Premier ministre italien Matteo Renzi, que «l'Otan est prête à soutenir la Libye pour sa sécurité comme l'a demandé le gouvernement libyen», ont rapporté les agences de presse. Car, avait-il expliqué, «la terrible situation en Libye» prête à inquiétudes. «Nous sommes particulièrement préoccupés par la terrible situation en Libye», a affirmé M. Stoltenberg au cours d'une conférence de presse conjointe à Rome avec Matteo Renzi. Le secrétaire général de l'Otan a précisé que cette aide «accroîtra l'importance de l'Italie» dans le dispositif de l'Alliance. Tels que formulées, les déclarations de M. Stoltenberg constituent un important soutien diplomatique et militaire pour un gouvernement de transition libyen qui a besoin de suffisamment d'appuis extérieurs pour sortir la tête de l'eau face au gouvernement parallèle de Tripoli, sous la tutelle de la milice islamiste Fajr Libya. Cette milice contrôle la capitale libyenne depuis fin août 2014. Elle avait lancé une offensive militaire d'envergure pour étendre son influence vers l'est et le sud-ouest libyens, avant de finir par accepter de rejoindre, début janvier, le processus de paix de Genève, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies. Dans un autre contexte, la proposition de l'Otan d'apporter son soutien aux autorités de transition libyennes aurait été, peut-être, saluée par le peuple libyen. Mais ce n'est pas le cas malheureusement. Les Libyens n'ont pas la mémoire si courte pour oublier que le chaos actuel est l'œuvre de l'intervention des soldats de l'Otan en 2011 pour déloger le régime de l'ancien colonel Mouammar Kadhafi. Sous prétexte d'empêcher le défunt guide libyen de commettre un génocide contre son propre peuple, lors de la«révolte populaire» de 2011, l'Alliance atlantique a préparé le terrain pour un véritable chaos politique et sécuritaire en Libye. Après avoir achevé sa mission, en chassant l'ancien régime de Tripoli, l'Otan s'est retirée du territoire libyen, livrant le pays aux milices, aux contrebandiers de l'armement et aux filières de l'immigration clandestine vers l'Europe. Aujourd'hui, l'Alliance atlantique propose son aide en choisissant l'Italie pour son annonce. Et pour cause : l'Italie, en tant que membre de l'Otan, est «en première ligne» de la stratégie expansionniste de l'Alliance et des Etats-Unis, en dehors du «prestige» que Rome pourrait tirer, comme l'a souligné le secrétaire général de l'Otan. La main tendue de l'Alliance pour la Libye ressemble plus à une offre de service, que les libyens paieront très cher, qu'à un élan de générosité de cette organisation qui veut se prémunir contre l'organisation terroriste de l'Etat islamique qui a établi son quartier général africain en Libye. Cette même organisation terroriste, qui constitue un élément d'instabilité pour les Etats de la région sahélo-saharienne, avait menacé d'ailleurs de faire de l'immigration clandestine une redoutable arme contre les pays de l'Europe du Sud. Cela explique, entre autres, le déploiement de drones que M. Stoltenberg a promis, à l'issue de sa visite à Rome. Ces «drones de surveillance seront basés (sur la base de l'Otan) à Sigonella (Sicile) à partir de l'an prochain», a-t-il déclaré. Autrement dit, la présumée aide proposée par l'Otan au gouvernement libyen de Tobrouk n'a pas pour motivations de réparer la «bavure» occidentale en Libye, où l'Etat islamique risque de mettre en échec le dialogue inter-libyen qui vient à peine d'être engagé. L. M.