Après les attentats du début de l'année, la résurgence d'actes antimusulmans a poussé le réseau politico-associatif qui œuvre pour les droits des populations étrangères à chercher à occuper le terrain, alors que l'extrême droite a le vent en poupe. Ainsi, il a été décidé de susciter des rassemblements et des manifestations pour protester «contre l'islamophobie», ce qu'on peut comprendre, mais aussi contre «le climat sécuritaire». Doléance dont on se perd en conjectures pour savoir ce que cela signifie.Un grand nombre de petites associations, auxquelles se sont joints des mouvements plus structurés, comme le Parti communiste ou Europe écologie les Verts (EELV), Nouveau parti anticapitaliste, Attac, fondation Copernic et fondation Frantz Fanon (la liste est longue) signent sous ce double mot d'ordre un appel à un meeting le 6 mars à 19h, à la Bourse du travail de Saint-Denis. Cette signature de structures laïques se mêle à des associations islamiques, comme le Collectif contre l'islamophobie en France (dont l'acronyme est CCIF) et l'Union des organisations islamiques de France. Qu'est-ce qui fait fonctionner cet attelage disparate ? L'appel le dit : «Notre solidarité avec les victimes de l'attentat sanglant contre la rédaction de Charlie Hebdo, avec celles de l'attentat antisémite contre l'Hyper cacher et avec la policière antillaise abattue Porte de Montrouge, doit s'étendre à toutes celles et ceux qui sont aujourd'hui pris comme boucs émissaires et qui ressentent au quotidien, notamment dans les quartiers populaires, les effets d'une haine instillée depuis de nombreuses années. Contre un Patriot Act à la française, nous affirmons notre attachement aux libertés individuelles, aux droits sociaux et aux libertés publiques. Le sacrifice des libertés au nom du tout sécuritaire ne serait que l'expression de notre faillite politique collective. Les musulmans et musulmanes, qui se défendent avec le vocabulaire du droit et de l'égalité, défendent de ce fait les droits de toutes et tous.» Par ailleurs, à l'appel d'un collectif auquel se sont rajoutées de nombreuses associations, une manifestation est prévue lors de la Journée mondiale contre le racisme, le 21 mars, au départ du métro Barbès, à 15h, sous le mot d'ordre «Ensemble contre tous les racismes et le fascisme : l'égalité ou rien !» Dans un texte qui englobe des situations très diverses, les signataires disent condamner «l'islamophobie et l'antisémitisme et toutes les formes de racisme comme nous condamnons les stigmatisations contre les quartiers populaires». Dans un listing qui n'est pas sans rappeler l'actualité pesante, et dont nous ne pouvons pas tout citer, chaque association y est allée de sa revendication, les manifestants demanderont «la fin des contrôles au faciès, l'arrêt des démantèlements de camps de Roms, le retrait des lois liberticides et sécuritaires, la régularisation de tous les sans-papiers avec une carte de séjour de 10 ans, la fermeture de Frontex, des centres de rétention et la liberté de circulation et d'installation, le droit de vote des étrangers».