Le soleil était au rendez-vous, les manifestants aussi. Samedi après-midi a été placé sous les couleurs de la festivité. Près de 2000 manifestants ont rallié Ajaccio pour dire non à la recrudescence des actes racistes en Corse qui ciblent la communauté maghrébine. L'ambiance est restée bon enfant malgré le retard causé par une fausse alerte à la bombe. La police a inspecté tous les véhicules après avoir reçu un appel téléphonique indiquant qu'une voiture piégée a été placée sur le parcours de la marche. Cette fois-ci, les Maghrébins résidant dans l'île ont tenu à manifester leur ras-le-bol... en musique et en langue corse. La manifestation a été organisée par la Ligue des droits de l'homme (LDH), le collectif corse Ava Basta et Amnesty International. Le cortège scande « nous sommes tous les enfants de cette terre » en réponse aux menaces des groupuscules - Mouvement clandestin autonome et Clandestini Corsi - qui avaient menacé les associations antiracistes de représailles. Selon le rapport de l'écrivain Jean-Christophe Rufin sur la lutte contre le racisme et l'antisémitisme publié mardi par le gouvernement, plus de la moitié des violences racistes commises en France surviennent en Corse, visant quasi-exclusivement la communauté maghrébine. Comptabilité macabre La marche est de nouveau retardée une heure plus tard devant l'Assemblée de Corse où une délégation était attendue par les élus locaux, par une deuxième fausse alerte à la bombe. « Je ne pense pas que la Corse soit plus raciste que les autres régions, mais ici cela prend des formes plus violentes de la part d'une infime minorité. Mais le succès d'aujourd'hui montre aussi, en pourcentage de la population, que la Corse est l'endroit où l'on manifeste le plus contre le racisme », explique l'écrivain corse Gabriel-Xavier Culioli, membre de la LDH et Ava Basta. Selon le nouveau Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), qui a rendu publique, jeudi 21 octobre, une première tentative de dénombrement des actes islamophobes, 182 actes de violence ont visé la communauté maghrébine en France entre octobre 2003 et août 2004. 28 mosquées ont été dégradées et 11 cimetières vandalisés, avec plus de 200 tombes profanées. Le CCIF estime qu'au moins une mosquée par mois a été vandalisée ou dégradée durant cette période.