Suite à l'attentat des rebelles contre le siège des services de renseignement de l'air à Alep, de violents affrontements ont par la suite ravagé la ville. De violents combats ont opposé hier l'armée syrienne aux rebelles à Alep, au lendemain de l'attentat des insurgés contre le QG des services de renseignement de l'armée de l'air dans cette ville, dans lequel on dénombre 34 morts, dont 20 membres des forces gouvernementales. Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), affirme : «De très violents combats se déroulent entre le régime et les rebelles dans la région où a eu lieu l'attaque de mercredi et les deux adversaires se bombardent mutuellement.» Une autre source militaire syrienne a aussi confirmé les affrontements : «Il y a des combats entre l'armée et des hommes armés dans le quartier de Jamayat az Zahra après une offensive d'envergure lancée ce matin par l'armée et au cours de laquelle il y a eu beaucoup de tués et de blessés dans les rangs adverses.» Ainsi, 18 civils ont trouvé la mort suite au largage d'un baril d'explosifs à partir d'un hélicoptère du régime syrien contre un quartier rebelle de la ville septentrionale d'Alep, a affirmé une ONG. Huit d'entre eux ont d'ailleurs été «totalement brûlés» dans le raid qui a visé des personnes «rassemblées pour acheter du fioul dans le quartier rebelle de Qadi Askar, dans l'est d'Alep», a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme. Il est à noter que lors de l'attentat de mercredi, les rebelles ont déclenché une puissante charge explosive souterraine contre le bâtiment, avant de lancer un assaut. Une source militaire avait confirmé l'attentat, en indiquant que des combats étaient toujours en cours dans la partie d'Alep. Par ailleurs, des habitants ont évoqué une secousse semblable à celle d'un tremblement de terre. «Des hommes armés ont fait exploser un tunnel qu'ils avaient creusé, puis ont attaqué les environs du siège du renseignement de l'armée de l'air», a indiqué la source militaire syrienne. «Des heurts sont en cours et l'armée de l'air syrienne mène des frappes sur les positions des hommes armés dans cette zone», a ajouté cette source. Sur son compte twitter, le Front Al Nosra, la branche d'Al Qaîda en Syrie, avait indiqué que ses combattants avaient participé, avec d'autres factions rebelles, à l'assaut «contre les bureaux du renseignement de l'armée de l'air et les bâtiments environnants». Stratégie Pour Samir Nashar, membre de la Coalition de l'opposition, «la planification de l'attaque a pris beaucoup de temps mais sa réalisation mercredi est un message clair au régime et à de Mistura». En effet, pour plusieurs parties, cette violence coïncide avec la visite d'une délégation de l'ONU dirigée par Khawla Matar, chef du bureau du médiateur, chargée de préparer la trêve partielle proposée par M. de Mistura. «Les rebelles ne prêtent plus aucune attention aux efforts de de Mistura et c'est pour cela qu'ils sont dans l'impasse. Les forces révolutionnaires d'Alep ont décidé de ne pas rencontrer la délégation dépêchée par de Mistura», a ajouté Samir Nashar. Pour une source gouvernementale syrienne, «les rebelles ont cherché à mettre une pression plus grande sur la délégation de l'ONU à Alep, qui devait rencontrer des gens de l'autre côté (rebelles)». Il est à noter que M. de Mistura propose un gel des combats à Alep pour permettre l'entrée d'aide humanitaire dans la ville. De son côté, le chef de la coalition, M. Khoja, a annoncé «une nouvelle stratégie» en lançant «un dialogue avec tous les groupes d'opposition et les personnalités qui veulent établir une nouvelle Syrie». «Notre but ultime est d'être débarrassés de Bachar Al Assad, mais ce n'est pas une condition préalable au début du processus de négociations», a-t-il souligné. Par ailleurs, lors de sa visite à Riyad, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a déclaré hier que Bachar Al Assad «a perdu tout semblant de légitimité, mais nous n'avons pas de priorité plus haute que de perturber et de défaire Daech». Selon lui, «une combinaison de diplomatie et de pression sera nécessaire pour susciter une transition politique». Négociation Ajoutant qu'«une pression militaire sera peut-être nécessaire». De son côté, François Hollande a affirmé, hier lors d'un entretien avec le chef de la Coalition nationale syrienne, Khaled Khoja, à l'Elysée, que Bachar Al Assad, «principal responsable du malheur de son peuple», n'était «pas un interlocuteur crédible pour lutter contre Daech et préparer l'avenir de la Syrie». Le président français a aussi souligné «la nécessité d'œuvrer sans relâche à la relance du processus de Genève pour une transition politique en Syrie», assurant que c'est «la seule solution possible pour rassembler le peuple syrien, éradiquer les groupes terroristes et rétablir la paix civile». Pas moins de 210 000 personnes ont trouvé la mort depuis quatre années de guerre sanglante en Syrie. Après multiples tentatives de négociation, qui ont souvent échouées, de nouveaux pourparlers entre le gouvernement et l'opposition syriens auront lieu au cours du mois d'avril. Ainsi, des émissaires de Damas et des représentants d'une partie plus large de l'opposition syrienne se retrouveront en avril à Moscou.