Le Conseil central de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP) a tenu sa 27e session, mercredi et jeudi, au siège de la présidence palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Les travaux ont été dirigés par le président de l'Autorité palestinienne et de l'OLP, Mahmoud Abbas. Composé de 130 membres, le Conseil central a débattu plusieurs points cruciaux, dont la révision globale des relations avec l'Etat hébreu avec lequel l'organisation palestinienne est liée par les accords d'Oslo. Des accords jamais respectés par les gouvernements israéliens qui se sont succédé au pouvoir depuis 1993. Dans son discours inaugural, le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé le Conseil central de l'OLP a réviser les fonctions de l'Autorité palestinienne. Le président Abbas s'est souvent plaint d'être à la tête d'une Autorité qui, en vérité, n'a aucune autorité réelle dans les régions qu'elle est supposée administrer. Les accords d'Oslo signés en 1993 à la Maison-Blanche et les multiples accords qui en ont découlé stipulent que la Zone A, comprenant toutes les grandes villes palestiniennes de Cisjordanie occupée, sont sous le contrôle de l'Autorité palestinienne, point que l'armée israélienne n'a jamais respecté. Ses forces se permettent d'y pénétrer presque quotidiennement pour tuer, blesser ou arrêter des citoyens palestiniens. Le président Abbas a indiqué, aussi, que la crise financière qui frappe l'Autorité palestinienne depuis 3 mois est due au gel par Israël des transferts des montants des taxes prélevées sur les marchandises palestiniennes transitant par ses ports et ses aéroports. Le montant global des taxes retenues par le gouvernement israélien est l'équivalent de plus de 450 millions de dollars américains. L'Autorité palestinienne n'arrive plus à payer la totalité des salaires de ses 180 000 fonctionnaires pour le troisième mois consécutif. Le gouvernement israélien a voulu par cette mesure punir l'Autorité palestinienne et son président Mahmoud Abbas pour l'adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale (CPI) capable de juger des dirigeants israéliens pour crimes de guerre commis contre le peuple palestinien. Arrêt de la coopération sécuritaire avec Israël Un autre point important qui ne fait pas l'unanimité, même au sein du Conseil central de l'OLP, est celui de la poursuite ou non de la coopération sécuritaire entre l'Autorité palestinienne et Israël. A maintes reprises la direction palestinienne a menacé de l'arrêter, comme réponse aux agressions israéliennes multiples. Parmi ces agressions, on peut citer la poursuite de la colonisation dans les territoires occupés, les opérations israéliennes armées dans la Zone A, les agressions militaires contre Ghaza, le gel des avoirs palestiniens et les très nombreuses autres atteintes aux droits des Palestiniens. La décision d'arrêter toute forme de coopération sécuritaire avec Israël a, selon des sources proches de la réunion du CC de l'OLP, été effectivement prise jeudi à la fin des travaux. La Direction palestinienne n'a donc pas écouté les conseils, notamment de l'Administration américaine, l'appelant à ne pas prendre de décisions stratégiques qui pourraient constituer un point de non-retour dans les relation avec l'Etat hébreu qui s'apprête à vivre des élections générales le 17 mars. Mahmoud Abbas, dont le discours devant les membres du CC de l'OLP a été vivement critique à l'endroit des membres du gouvernement israélien dont notamment le ministre des Affaires étrangères, Avigdor Lieberman, a donc choisi la confrontation directe avec Tel-Aviv. L'arrêt de la coopération sécuritaire avec l'Etat hébreu ouvre la porte grande ouverte à toutes les éventualités, en premier lieu le déclenchement d'une nouvelle vague de violence dans les territoires palestiniens occupés, et même une troisième Intifadha. Cette décision peut nuire au gouvernement israélien et à son Premier ministre Benyamin Netanyahou qui s'apprête à participer aux élections de la Knesset, le Parlement israélien. L'arrêt de la coopération sécuritaire peut être perçu par la rue israélienne comme un nouvel échec de Benyamin Netanyahou face à Mahmoud Abbas, ce qui portera un coup dur à sa popularité. Cela pourrait contribuer à une victoire de ses opposants. Bien que Mahmoud Abbas a déclaré être prêt à reprendre les négociations de paix avec n'importe quel dirigeant israélien issu des prochaines élections, a condition qu'il y ait un arrêt de la colonisation et la libération du 4e contingent de prisonniers non relâchés par Israël au mois de mars 2014, le CC de l'OLP a décidé de ne pas attendre les résultats des élections israéliennes. Quelles seront maintenant les retombées de ce changement radical de politique de la part de la Direction palestinienne à l'égard de l'Etat hébreu ? Seuls les jours et les semaines à venir sont capables d'y apporter des réponses.