Le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, a finalement réussi à convaincre les Palestiniens et les Israéliens de reprendre les négociations, suspendues depuis octobre 2010. Au terme de sa 6e tournée au Proche-Orient et de dizaines d'heures de discussions avec les responsables des deux parties, le chef de la diplomatie américaine a annoncé, vendredi soir à Amman, la capitale jordanienne, être parvenu à un accord qui établit les bases de la reprise des négociations sur le statut final entre Palestiniens et Israéliens. «Nous sommes parvenus à un accord pour reprendre des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens», a dit M. Kerry, qui a indiqué que l'accord est en cours de finalisation. Il a par ailleurs rendu hommage au président palestinien, Mahmoud Abbas, et au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour leur «courage» et pour le rôle qu'ils ont joué pour rendre possible cet accord. «Tous les deux ont choisi de faire des choix difficiles et jouer un rôle-clé», a assuré M. Kerry. Le chef de la diplomatie américaine a donc réussi à sauver son 6e périple dans la région, puisque les 5 tentatives précédentes n'avaient abouti à rien de concret. Son actuelle mission était aussi tout près de l'échec. La direction palestinienne, représentée par le comité exécutif de l'OLP, réunie jeudi à Ramallah en Cisjordanie occupée, en présence de Mahmoud Abbas, avait refusé la reprise des négociations sans obtenir de garanties. Elle exigeait surtout que les négociations se fassent sur la base des lignes du 4 juin 1967 – comprenant l'ensemble de la Cisjordanie, la ville sainte d'El Qods et la bande de Ghaza – ainsi que l'arrêt de la colonisation et la libération de tous les prisonniers détenus en Israël avant la signature des accords d'Oslo, en 1993. Le coup de fil décisif d'Obama Un entretien téléphonique, dans la nuit de jeudi à vendredi, entre le président Barack Obama et le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, ainsi que le déplacement surprise, vendredi après-midi, en hélicoptère jordanien, de John Kerry à Ramallah où il a rencontré le président Abbas, ont finalement aplani les obstacles qui se dressaient devant une proche reprise des négociations. La satisfaction du chef de la diplomatie américaine ne doit surtout pas dissimuler les difficultés auxquelles feront face les négociations israélo-palestiniennes à cause des positions du gouvernement israélien de droite qui refuse toujours certaines exigences palestiniennes, telle la création d'un Etat palestinien sur l'ensemble des terres qu'Israël a occupé en 1967. L'arrêt de la colonisation, particulièrement dans la ville sainte d'El Qods, est un autre point sur lequel Israël ne veut montrer aucune flexibilité. Si on termine par la non-reconnaissance par l'Etat hébreu du droit de retour des réfugiés palestiniens expulsés de force de leurs terres et de leurs maisons en 1948, on peut facilement imaginer l'issue très rapide que pourraient connaître les prochaines négociations. Le mouvement Hamas rejette l'accord Sans un changement radical des positions israéliennes, les Palestiniens quitteront de nouveau très rapidement la table des négociations pour retourner à la case départ. La reprise des négociations, attendue la semaine prochaine à Washington, se fera en présence de Saeb Erekat, le négociateur palestinien en chef, et de Tzipi Livni, la ministre israélienne de la Justice qui a salué l'annonce de cet accord. On a eu «de longs mois de scepticisme et de cynisme», a déclaré Tzipi Livni. «Mais à présent, les quatre années de marasme diplomatique approchent de leur fin.» Sami Abou Zohri, un des porte-parole du Hamas, s'est empressé de critiquer l'accord de reprise des négociations. Il a déclaré que le président «Mahmoud Abbas n'a aucune légitimité pour négocier au nom du peuple palestinien sur des questions fondamentales». Ezzat Erichq, membre du bureau politique du Hamas, a de son côté considéré le retour aux négociations avec la partie israélienne comme étant «une méconnaissance des souffrances du peuple palestinien et de ses sacrifices, une négligence de ses droits et de ses constantes, ne représentant pas notre peuple et ne l'obligeant en rien». Erichq a annoncé, dans une déclaration publiée hier sur son compte facebook, le rejet catégorique par son mouvement «du retour de l'Autorité palestinienne au carré de vaines négociations avec l'occupant israélien».