Le bruit est omniprésent à Sétif et cela à tout instant. Le bruit nécessaire est exagéré. Les gens, qui apparemment n'oublient pas leurs origines, s'interpellent et de loin. Le passant, accroché à son portable, crie et pour se faire entendre, il n'a absolument pas besoin du téléphone. Les automobilistes abusent du klaxon, pour n'importe quelle raison, ils se mettent tous à carillonner et ne s'en privent pas. Les marchands à la criée portent très bien leurs noms. A cela s'ajoutent les vendeurs de musique, qu'on ne peut plus appeler disquaires. Ces marchands de K7 et CD, dès l'ouverture de leurs boutiques, allument leurs sonos sans aucune considération pour les gens alentour, ni pour les malades, ni pour les enfants, ni pour les vieilles personnes, ils assourdissent la ville de leurs excès de décibels. On les entend à des lieux à la ronde et on peut les retrouver grâce aux bruits qu'ils dégagent. Ces marchands de bruit investissent aussi le parc d'attractions de Sétif. Les baraques qui vendaient des babioles, des vêtements ou encore des produits cosmétiques se sont reconverties dans la vente de bruit, des échos de cabarets et de « malahis » crèvent les tympans de ceux qui veulent traverser le parc. Yacine nous dit : « Le bruit est partout présent. Si on aime le calme, on n'a pas le choix, il faut soit aller se terrer dans les jardins publics ou sortir de la ville. Autrement, c'est intenable. Lors de mes voyages en Europe, j'ai vu dans les magasins de musique des clients qui avaient des casques aux oreilles pour écouter la musique qu'ils ont choisie. » Au souk, c'est pareil, le bruit est là, une batterie de voiture, un lecteur de CD et de K7 et c'est parti. Dernier né de la profession, en plein centre-ville, immeuble de BCR, rue des frères Meslem, un garçon n'a pas trouvé mieux pour emm… la République que d'installer son étal de CD sur le trottoir, un branchement électrique direct de chez lui, une chaîne stéréo et des baffles assez puissantes, et en avant la musique. Comme il était visible, il s'est installé à l'intérieur, sous le porche de l'immeuble. Quelqu'un s'est plaint et la police est venue discrètement le faire déménager, pas loin. Il s'est installé à l'autre sortie de l'immeuble, et là, il continue sa nuisance sonore sans que cela perturbe ni ses parents, fiers de leur rejeton, ni les habitants, ni les commerçants installés dans l'immeuble dont la passivité fait penser qu'ils sont sourds. « Les habitants et les commerçants ont peur, ils ne veulent s'attirer ni les foudres de la famille du gamin ni celles des pourvoyeurs qui ne sont pas des enfants de chœur », se plaint un voisin de l'immeuble. D'autres personnes s'étonnent : « Comment les habitants supportent-ils ce bruit ? C'est intenable. Rien qu'en passant par là, on a peur pour son ouïe et surtout qu'un peu plus haut dans la rue, un magasin bombarde de ses décibels les gens. »