Exposée directement à la menace terroriste, la Tunisie met tous ses espoirs dans le processus du dialogue interlibyen. «Nous soutenons les efforts de l'Algérie dans le cadre du dialogue intermalien qui a donné des résultats et les efforts algériens envers les différentes parties libyennes», a déclaré, hier à Alger, le ministre tunisien des Affaires étrangères, Taieb Baccouche, aux côtés de son homologue algérien Ramtane Lamamra, lors d'une conférence de presse au siège des AE. Lors de cette rencontre avec la presse, qui a commencé avec près de quatre heures de retard, les deux diplomates sont brièvement revenus sur le premier round du dialogue interlibyen, mardi et mercredi derniers, sanctionné par un déclaration appelant à «l'arrêt immédiat des opérations militaires pour permettre la poursuite du dialogue dans des conditions favorables». La visite du chef de la diplomatie tunisienne à Alger depuis mercredi, sur invitation de M. Lamamra, s'articule autour du renforcement de la coopération mais aussi de la question libyenne et du processus de dialogue lancé par l'Algérie. «La violence ne peut permettre à une partie de l'emporter sur l'autre, a déclaré hier Taieb Baccouche. Le dialogue est le seul choix.» «Nous reconnaissons les Etats et non les gouvernements, a précisé M. Lamamra répondant à une question qui a relevé la division de l'Exécutif et du Parlement en Libye. Le contexte de crise actuel en Libye nous pousse à nous concentrer sur les solutions, pas sur les problèmes et nous traitons naturellement avec tous les acteurs politiques libyens. Mais nous ne traitons pas avec les groupes terroristes.» «Nous ne voulons pas traiter la question à partir de la légitimité des uns ou des autres, a appuyé le MAE tunisien. Il peut y avoir beaucoup de légitimités — électorale, de compétence, révolutionnaire, etc. C'est un débat philosophique très complexe. Le plus important est d'arriver à un consensus par la voie du dialogue.» «La sécurité de la Libye est notre sécurité», a soutenu M. Baccouche, dont le pays fait face à une forte menace terroriste. Rien que ces dernières semaines, plusieurs caches d'armes importantes ont été découvertes à la frontière tuniso-libyenne. «Le but stratégique pour nous tous est d'arriver à un Etat libyen souverain, qui a autorité sur l'ensemble de son territoire et qui est au service du peuple», a souligné le ministre tunisien, ajoutant : «Le terrorisme a trouvé l'occasion de se développer suite aux différends entre les parties libyennes.» Quant aux critiques de Fadjr Libya, la puissante coalition armée — concernant Bernardino Leon (envoyé spécial de l'ONU pour la Libye) ou relatives à la participation de partis «gueddafistes», de Frères musulmans et d'agents occidentaux —, M. Lamamra a estimé qu'il est «naturel qu'on ne puisse s'accorder sur tout et tout de suite, c'est une première réunion». La déclaration sanctionnant le premier round du dialogue interlibyen est «encourageante», selon Ramtane Lamamra : «Il y a un consensus clair autour des principes et des objectifs les plus essentiels.» «Le plus urgent, note un journaliste libyen, est le traitement du problème des milices : il faut les dissoudre, c'est la condition principale pour stabiliser le pays, car les acteurs actuels ne sont pas des bâtisseurs d'Etat.»