Plus d'une semaine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, les Libanais tentent de faire face aux conséquences des violents bombardements ayant marqué leurs villes et villages, durant les 34 jours qu'a durés l'agression israélienne contre le pays. Une agression qui a marqué plus cruellement encore la vie de la population du sud du pays. Les séquelles sont visibles et difficiles à effacer. Il y a d'abord les victimes humaines. De nombreux corps sont toujours restés ensevelis sous les décombres des immeubles ravagés par les missiles israéliens. A peine rentrées chez elles, beaucoup de familles libanaises ont entamé un long processus de deuil. Selon le dernier rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), des employés de la défense civile et des volontaires d'organisations caritatives locales ont travaillé côte à côte, dès la cessation des hostilités, en rouvrant de longues tranchées de tombes collectives à Tyr et en rapportant les dépouilles mortelles dans les villages. Des obsèques collectives ont eu lieu dans de nombreux endroits, y compris dans certains villages qui ne sont aujourd'hui guère plus que des rangées de maisons rasées. Aïta Al Shaâb, une grosse bourgade sur la frontière sud, témoigne de l'ampleur de la vague de destructions qui s'est abattue sur la région. C'est dans le cadre désolé de ses rues en ruine que des files silencieuses de femmes voilées de noir se dirigent vers la mosquée du village. D'autres villages frontaliers, tels que Khiam, Bent Jbeil et Maroun Al Ras, ont connu le même sort, a noté le CICR. La Croix-Rouge libanaise, a indiqué le même rapport, a évacué, entre le 12 et le 21 août, 984 blessés et transporté 7684 autres malades, comme elle a récupéré 398 corps. Outre les victimes des bombardements, les bombes à fragmentation non explosées fonts chaque jour de nouvelles victimes parmi les civils, en particulier les enfants. Cela en dépit des campagnes de sensibilisation lancées par l'armée libanaise et l'ONU. « Tous les jours, on entend parler de nouvelles victimes, il y en a un grand nombre », indique Dalya Farran, porte-parole du centre de coordination de l'action anti-mines des Nations unies (Macc) à Tyr. « Nous sommes dans une situation d'urgence », a-t-il ajouté. Les ONG humanitaires intensifient leurs aides Selon les derniers chiffres de l'armée libanaise, les bombes à fragmentation ont déjà tué 11 personnes et fait 43 blessés, dont plusieurs enfants. Le cauchemar des Libanais durera encore plus longtemps, d'autant que, ont indiqué les autorités libanaises, le sud du pays est devenu un vaste champ de mines et de bombes non explosées. Malgré les contraintes auxquelles elles sont confrontées du fait des destructions des infrastructures, les ONG humanitaires poursuivent leurs efforts pour venir en aide aux sinistrés libanais. En effet, les agences humanitaires des Nations unies s'activent ces deniers jours à couvrir les besoins énormes de la population du sud du Liban en denrées alimentaires, couvertures et eau. Le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) a affirmé avoir dépêché plusieurs camions chargés de tentes, couvertures, matelas, lampes et autres fournitures. Pour sa part, le Programme alimentaire mondial (PAM) a annoncé qu'il a déjà distribué près de 3000 tonnes de nourritures à plus de 530 000 personnes depuis le début du conflit. L'approvisionnement en eau potable constitue également un grave problème. A cet effet, l'Unicef, qui assure la distribution de 50 000 l d'eau en bouteille/jour, pense porter à 100 000 l ce chiffre avant la fin de la semaine. Cette agence aide aussi à l'acquisition de générateurs pour des stations de pompage. Ce qui devrait permettre de fournir quotidiennement 30 000 m3 aux zones qui en ont besoin. L'Unicef, selon ses responsables, travaille aussi en étroite collaboration avec le ministre libanais de l'Education pour faire réussir la rentrée scolaire prochaine. Son aide concernera notamment la réhabilitation de plus de 150 écoles détruites et la fourniture du matériel scolaire.