Après cinq ans de procédures, le procès des 19 accusés dans l'affaire Sonatrach 1 s'est ouvert hier à la cour d'Alger. Il s'agit du scandale qui a secoué la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach. Le procès des 19 accusés dans l'affaire Sonatrach 1 s'est ouvert, hier matin, à la cour d'Alger, dans une ambiance électrique. Intervenant après cinq ans de procédures très complexes, la première audience s'est déroulée dans des conditions particulières. C'était attendu ; l'affaire, un des plus grands scandales ayant secoué la compagnie nationale des hydrocarbures, a fait couler beaucoup d'encre et a connu de nombreux rebondissements ces dernières années. En effet, tous les ingrédients sont réunis pour un procès exceptionnel qui capte tous les regards. Le décor est planté dès les premières heures de la matinée. Autour de la cour d'Alger, la présence policière, a-t-on constaté sur place, a été renforcée. A l'entrée du tribunal, les fouilles sont minutieuses et les visiteurs doivent expliquer les raisons de leur visite. Toute personne ne présentant pas d'argument «valable» est renvoyée. A l'intérieur du tribunal, il y avait déjà une foule compacte. Il était environ 9h30. Les avocats continuaient d'affluer vers la salle des audiences criminelles, située au 1er étage de l'édifice. Cette dernière était déjà pleine comme un œuf. Les agents de police mobilisés pour maintenir l'ordre à l'intérieur peinent à libérer les couloirs, occupés par de nombreuses personnes qui n'ont pas réussi à trouver une place, car toutes prises par les familles des accusés, les témoins et les représentants des médias. Les journalistes étaient, effectivement, présents en force pour relater les moindres détails d'un des évènements les plus importants de l'année. Nombreux sont ceux qui ont été contraints de suivre le début de ce procès debout. Meziane à droite et Sahnoun à gauche Outre les sept détenus qui ont pris place dans le box des accusés, pratiquement toutes les parties concernées par cette affaire sont présentes dans la salle. L'ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, qui comparaît en prévenu libre, a pris place au milieu de la rangée droite. A côté de lui, d'autres prévenus qui comparaissent aussi libres, dont le patron du groupe allemand Contel Algérie Funkwerk. Sur la même ligne, mais au milieu de la rangée gauche, l'actuel PDG par intérim du groupe Sonatrach, Saïd Sahnoun, a pris place. A côté de lui, deux autres représentants de l'entreprise. L'autre ancien PDG du groupe, Abdelmadjid Zerguine, présent sur place en tant que témoin a, quant à lui, pris place à l'extrême droite de la salle. Ce procès a mobilisé également de nombreux avocats, dont les plus chevronnés, à l'image de Mustapha Bouchachi, Khaled Bourayou, Mokrane Aït Larbi, Miloud Brahimi et Abdelmadjid Sellini. Vers 10h30, c'est le début de la séance. Et la tension commence à monter. Le juge Mohammed Reggad a dû intervenir à plusieurs reprises pour résoudre des questions de forme afin de permettre la tenue du procès dans des conditions ordinaires. Amara Mohcine : premier couac Après l'appel des accusés, le président de la cour est obligé de régler un premier problème : celui de l'avocat de la famille Meziane, Amara Mohcine. Exclu par le bâtonnat, il se présente à la salle, mais les policiers lui refusent l'accès. «Je suis l'avocat des Meziane, ils n'ont pas d'autre avocat», lance-t-il à l'entrée de la salle. Mohamed Reggad intervient pour demander l'avis de Mohamed Meziane. «Il n'est plus mon avocat», lui dit celui-ci. Pour trancher cette question, le juge lève la séance pour 10 minutes. Au retour, il annonce la décision : «Après concertation, nous avons décidé d'empêcher Mohcine Amara d'accéder à la cour.» Mais les avocats de la défense soulèvent une seconde problématique ; ils contestent la décision du parquet qui a invité les représentants du Trésor public à se constituer partie civile dans cette affaire. «C'est honteux qu'on vienne désigner après cinq ans le Trésor public comme partie civile. Il s'agit d'une entreprise publique à caractère économique. Il ne s'agit pas d'une entité administrative», souligne Miloud Brahimi. Cette contestation donne suite à des échanges vifs entre les avocats de la défense et les représentants du Trésor public. Parallèlement, un autre avocat exige le report du procès au prétexte que «les conditions ne sont pas réunies, d'autant que la médiatisation de l'affaire a empêché la convocation de témoins supplémentaires et des experts qui peuvent enrichir le procès». Cette situation contraint à nouveau le juge à lever, une seconde fois, la séance. C'est l'occasion pour les avocats de quitter la salle pour venir s'exprimer devant les nombreux journalistes et les caméras des chaînes privées, présents en grand nombre à l'extérieur. Ils ne partagent pas tous l'idée du report du procès, mais dénoncent l'implication du Trésor public dans cette affaire qui concerne une entreprise économique. La reprise de la séance et le début effectif du procès n'a lieu que vers 13h. Mais la tension ne baisse pas. Elle atteint même son paroxysme en fin d'après-midi, contraignant ainsi le juge à reporter le procès...