Le procès Sonatrach 1 s'est ouvert, hier, au tribunal criminel d'Alger avec, au box des accusés, 19 personnes dont des responsables du groupe Sonatrach et de sociétés étrangères, notamment l'ex-PDG Mohamed Meziane et le patron du groupe allemand Contel Algérie Funkwerk, El-Smail Mohamed Réda, pour répondre de faits liés à la corruption. Avant le commencement de l'audience, les avocats ont demandé de reporter le procès jusqu'à une nouvelle date, cette demande a été refusée. Le procureur général a expliqué que «l'excuse présentée pour reporter le procès n'est pas valable. Ce n'est pas parce qu'un média a abordé le sujet qu'il faut reporter». En ce qui concerne la constitution du Trésor public en tant que partie civile, le procureur estime que sur le plan de la forme, le Trésor public a le droit de se constituer partie civile. «Sur le fond, c'est durant le procès que la décision sera prise», a-t-il ajouté. Mohcine Amara, qui s'est présenté comme l'avocat de l'ex-PDG de Sonatrach et de ses deux fils, a été empêché d'accéder à l'intérieur de la salle par les policiers fortement déployés. «Il a été suspendu», selon un des avocats. «Il n'est plus mon avocat», a expliqué Mohamed Meziane au juge Mohamed Reggad. L'audience a été levée pour trancher sur l'affaire de Mohcine Amara. Vers 10h, les accusés sont arrivés au tribunal. Il s'agit du premier grand procès lié aux grandes affaires de corruption qui ont secoué l'Algérie ces dernières années. Parmi les prévenus, huit directeurs exécutifs de Sonatrach dont Amar Zenasni, responsable du transport par pipeline, et le directeur des activités d'amont, Belkacem Boumediène. Sur la liste des accusés également quatre entreprises étrangères ayant bénéficié frauduleusement de marchés publics, au préjudice de Sonatrach, selon le rôle complémentaire de la deuxième session criminelle 2014. Parmi les chefs d'accusation retenus contre les accusés dont sept en détention, figurent l'association de malfaiteurs, la passation de marchés contraires à la loi pour accorder des privilèges injustifiés à des tiers, blanchiment d'argent, augmentation de prix dans des contrats avec une entreprise publique, détournement de deniers publics, blanchiment d'argent et corruption. Selon l'arrêt de renvoi, les faits concernent cinq marchés frauduleux d'une valeur de 1 100 milliards de centimes accordés par l'ex-PDG de Sonatrach, Mohamed Meziane, au groupe allemand Contel Algérie Funkwerk Pletarc dans le cadre d'un projet d'acquisition d'équipements de télésurveillance et de protection électronique des complexes du groupe national à travers le pays. Ces contrats ont été accordés dans le cadre du gré à gré en contrepartie d'actions acquises au profit des deux fils du patron de Sonatrach Fawzi et Réda Méziane dans le groupe Contel, selon la même source. Le groupe Contel Algérie Funkwerk Pletarc et son patron El Smail DJaafar Mohamed Réda, principal accusé dans cette affaire, a obtenu des privilèges injustifiés alors que ses offres étaient plus élevées que celles des autres soumissionnaires. Les investigations ont également révélé que Mohamed Méziane avec la complicité du responsable des activités d'amont a mis au point un plan pour subdiviser le projet de télésurveillance électronique de Sonatrach en 4 parties afin d'attribuer 3 marchés au groupe allemand. Le groupe Sonatrach, selon l'arrêt de renvoi toujours, a conclu un marché douteux avec Saipem Algeria (Italie) pour la réalisation du gazoduc liant l'Algérie à l'Italie ( Sardaigne). L'enquête a révélé qu'un des fils de Mohamed Meziane travaillait comme conseiller, depuis 2006, auprès du patron de Saipem Algérie, Tullio Orsi. Ce dernier est poursuivi par le parquet de Milan dans le cadre d'une affaire de corruption impliquant le groupe pétrolier italien ENI dont Saipem est une filiale. Ce marché, d'une valeur de 586 millions de dollars, a été sous-traité à une société française, PIE CAPAG, par Saipem, sa rivale dans la consultation limitée ouverte par Sonatrach, fait ressortir l'arrêt de renvoi. Un tel procédé est interdit par le règlement de Sonatrach. Un autre dossier lié à ce procès concerne le marché de réfection de l'immeuble de Sonatrach, situé boulevard Ghermoul, attribué frauduleusement à l'entreprise allemande Imtech.