- Me Miloud Brahimi, avocat désigné par le collège de ses pairs en tant que défenseur des détenus : «Il faut aussi libérer les détenus» «En fait, je suis pour un renvoi mais à condition que les accusés en détention soient remis en liberté. Ils sont en prison depuis plus de cinq ans. Cela constitue une violation du droit à la présomption d'innocence. Nous sommes devant une dilapidation des libertés individuelles. Durant toute ma carrière d'avocat, d'enseignant et même avant en tant qu'étudiant, je n'ai pas vu quelqu'un rester détention provisoire durant autant d'années. Mon seul souci dans cette affaire est celui de tous ces accusés qui sont en prison qui attendent d'être jugés. Ce n'est pas sérieux. C'est une honte pour la justice algérienne. Raison pour laquelle j'ai dit s'il faut renvoyer le procès, il faut aussi libérer les détenus. Dans le cas contraire, il vaut mieux que le procès se tienne.» - Me Mokrane Aït Larbi, avocat d'Al Hachemi Meghaoui et de son fils : «Aucune raison ne justifie le report» «Je défends Meghaoui Al Hachemi et son fils Yazid, qui sont en prison depuis plus de cinq ans. Leur détention a trop duré. Ils sont dans leur droit d'être jugés. Tous les arguments soulevés par mes confrères ne tenaient pas la route. Ils doivent comprendre que la presse doit parler de ces affaires qui sont pendantes au niveau de la justice. C'est son droit le plus absolu et nous devons tous faire en sorte qu'elle puisse continuer à le faire. Le deuxième point évoqué est lié à l'absence de certains témoins. J'ai moi-même dit qu'étant donné que le procès va durer dans le temps, le tribunal a toutes les prérogatives pour établir des mandats d'amener pour les ramener de force, si on estime leurs déclarations importantes pour le cours du procès. Le juge a d'ailleurs décidé de recourir à la force publique pour faire en sorte que tous les témoins soient présents. Il a apporté toutes les réponses aux questions soulevées par les avocats. Il n'y avait aucune raison qui justifiait le report. Mais les avocats ont préféré se retirer de l'audience, mettant le juge dans l'obligation de renvoyer l'affaire. Ils sont en droit de le faire, d'autant qu'ils sont à l'aise avec leurs mandants qui sont en liberté.» - Me Hocine Chiat, avocat de la famille Meziane : «Le procès doit se dérouler dans des conditions de transparence et d'équité» «Mohamed Meziane est très fatigué et malade. Les conditions de la tenue de ce procès ne sont pas réunies. Il fait l'objet d'une pression psychique et morale, dans la mesure où son jugement intervient quelques jours seulement après la diffusion par une chaîne privée de télévision de deux émissions où il a été jugé condamné. Il a certes déposé plainte auprès du procureur et du conseil de l'Ordre, mais il y a une volonté manifeste de préparer l'opinion publique et de l'orienter sur une piste douteuse. En plus, nous avons vu comment le procureur général du tribunal criminel a convoqué l'agent du Trésor public pour se constituer partie civile dans le dossier, alors que durant les cinq années de l'instruction, il n'a jamais été cité. Son nom n'apparaît ni dans le rapport du juge d'instruction ni dans l'arrêt de la chambre d'accusation du 13 janvier 2013, qui ajoute de nouvelles inculpations contre Mohamed Meziane et ses deux enfants. Le troisième point est lié à l'absence de 38 témoins considérés essentiels, parmi lesquels la directrice des ressources humaines de Sonatrach, le directeur de la sécurité et de l'environnement ainsi que les représentants de la Banque centrale, et un personnage qui avait fait le voyage en Allemagne avec Mohamed Réda Meziane et était aussi actionnaire au même titre que ce dernier dans Contel Funkwerk Algérie. Ce sont là autant d'interrogations qui nous ont poussés à exiger le renvoi de ce procès, lequel doit se dérouler dans des conditions de transparence et d'équité.» - Me Abdelmadjid Sellini, avocat de la partie civile (Sonatrach) : «Je suis de ceux qui voulaient que l'affaire soit jugée» «En tant que partie civile, nous sommes en droit de demander réparation par rapport au préjudice subi et faire en sorte qu'il y ait restitution de tout ce qui a été dilapidé. Certains de mes confrères ont récusé la constitution de l'agent du Trésor public sous prétexte que Sonatrach n'est pas une entité de l'Etat. En fait, les capitaux marchands de Sonatrach appartiennent à l'Etat. C'est ce qu'on appelle le capital privé de l'Etat. Elle obéit au code du commerce en termes de gestion, mais il n'e demeure pas moins que son capital fait partie des deniers de l'Etat, puisque sa finalité est le Trésor public. Cela étant, Sonatrach est là en tant que partie civile, parce qu'elle a subi un préjudice. Je suis de ceux qui voulaient que l'affaire soit jugée parce que toutes les conditions matérielles étaient réunies et l'ambiance était sereine pour la poursuite de l'audience. Mais la défense s'est retirée, créant un précédent fâcheux. Sans la présence des avocats, le procès aurait été une entorse grave. Dommage, parce que ce sont les accusés en détention qui vont en pâtir. Ils devront y rester encore un mois ou deux avant d'être jugés.» - Me Nabil Ouali, avocat de Mohamed Meziane : «Nous avons estimé qu'il fallait attendre un peu» «Nous avons exigé le report en raison de la campagne médiatique contre Mohamed Meziane qui a précédé le procès. Les conditions de sérénité et d'équité n'étaient pas réunies. Il y a eu une violente attaque contre un accusé. Juste après ses déclarations à El Watan, il a été convoqué par le procureur de Sidi M'hamed, qui l'a gardé dans son bureau de 7h30 à 15h. Il a fait l'objet d'un interrogatoire sur procès-verbal, sans la présence de ses avocats. N'est-ce pas une manière de faire pression sur lui ? Une semaine après, sur une chaîne de télévision privée, un avocat étalait en direct les détails des procès-verbaux d'instruction et le contenu de l'arrêt de renvoi, en se braquant uniquement sur Meziane Mohamed et ses deux enfants. Est-ce normal ? Pour toutes ces raisons, nous avons estimé qu'il fallait attendre un peu et faire en sorte que le procès se déroule dans un climat plus serein, qui puisse permettre des conditions d'équité et de justice.»