Peut-on savoir combien pèse le marché de la pièce détachée en Algérie ? Pour l'instant, il n'existe pas de chiffres officiels. Mais, selon une estimation faite par les professionnels du secteur, le marché représente environ 2 milliards de dollars pour les secteurs des pièces et des équipements et demeure le plus important de la zone Maghreb. Cela dit, l'Algérie importe annuellement 600 à 700 millions de dollars de pièces détachées. Il faut savoir que nous importons quasiment 99% de la pièce de rechange. Il y a uniquement 1% de la pièce détachée qui est fabriquée localement. Parmi les produits qui sont fabriqués en Algérie, on peut citer les batteries, les lubrifiants, les câbles, les composants électriques et les ressorts. Ce sont des produits assez simples à fabriquer et qui n'ont pas besoin d'une grande technicité ou de technologie. Ce petit tissu d'industriels et de sous-traitants affiche quand même une bonne volonté de produire davantage. La preuve, ces professionnels étaient fortement mobilisés au salon d'Equip Auto pour promouvoir leurs produits. D'aucuns sont également à la recherche de partenaires étrangers avec lesquels ils souhaiteraient fabriquer localement des pièces de rechange. Combien d'opérateurs locaux activent dans le marché ? Nous n'avons pas de chiffres exhaustifs là-dessus, mais on va dire qu'il y a seulement une centaine d'opérateurs sérieux. Ceux-ci sont des fabricants et ne font pas dans l'importation. Je dois rappeler qu'il y a eu une décantation au niveau du marché, et ce, grâce aux dispositions prises par l'Etat pour réguler ce secteur. Ces mesures ont donné leurs fruits. La profession commence à s'organiser et à se professionnaliser. Actuellement, il y a plus de visibilité sur le marché. Le Salon international de l'après-vente est un peu le miroir du secteur. Quand on voit la qualité des exposants algériens, cela reflète le dynamisme du marché de la pièce de rechange indépendante. La contrefaçon touche tous les aspects de l'économie nationale, y compris la pièce détachée. Dans quelles proportions le marché de la pièce de rechange est affecté par ce phénomène ? La contrefaçon qui sévit au niveau du marché de la pièce de rechange provient de l'extérieur, c'est-à-dire issue de l'importation. Mais, l'Etat a réussi à juguler cette contrefaçon concernant la pièce de rechange à travers la mise en place d'un dispositif de lutte contre ce phénomène. D'ailleurs, les contrôles sont devenus stricts. En plus, il y a une prise de conscience chez le consommateur algérien par rapport à la nécessité de ne plus acheter de la pièce de rechange contrefaite ou de mauvaise qualité, quand bien même elle serait moins chère. Outre le risque lié à la sécurité, il y a l'aspect pécuniaire. Une pièce de qualité dure bien plus longtemps, contrairement à une pièce de mauvaise qualité qui peut endommager les organes du véhicule. Quand on fait des économies au départ, on se retrouve avec plus de dépenses au final. Cette prise de conscience du consommateur est importante. Depuis 2006, l'année du lancement de la première édition du Salon, nous n'avons pas cessé de sensibiliser les professionnels pour qu'eux-mêmes puissent sensibiliser le détaillant et le client final. Le gouvernement vient d'instaurer de nouvelles modalités d'exercice de l'activité de concessionnaire de véhicules neufs. Pensez-vous que les nouvelles mesures vont favoriser un tissu de sous-traitance en matière de pièce de rechange ? L'instauration de nouvelles modalités d'exercice de l'activité de concessionnaire constitue une bonne nouvelle. De prime abord, ces nouvelles dispositions seront bénéfiques pour le client final. Cela va sans doute créer ensuite une dynamique en matière de sous-traitance dans le secteur de l'industrie automobile. Le concessionnaire ne sera plus seulement un simple importateur-distributeur, mais il va produire à terme. D'ici trois à quatre années, nous pensons que ces mesures donneront des résultats positifs.