Le phénomène d'imitation des marques ronge l'économie nationale, et la production nationale est menacée d'un recul, voire d'une disparition pure et simple. Depuis quelques années, la contrefaçon connaît un essor fulgurant dans notre pays. Les produits cosmétiques, les médicaments, les pièces détachées automobiles, les produits électroménagers, les effets vestimentaires, les jouets et même les produits alimentaires sont touchés par ce phénomène face auquel nos services des douanes déplorent le manque de moyens pour une lutte efficace. L'habillement occupe la tête du podium avec 80%, 60% des cigarettes vendues sont contrefaites, viennent ensuite la pièce détachée avec 40% et les cosmétiques avec 40%. Le secteur qui reste raisonnablement à l'abri de la contrefaçon est celui de l'électroménager avec seulement 12%. S'agissant des pays à l'origine de la contrefaçon, on trouvera que 70% des marchandises contrefaites proviennent des pays asiatiques, à l'exemple de la Chine avec 62,5%. Ce qui est regrettable, c'est que ces produits, nocifs pour la santé, se vendent non seulement au marché parallèle, mais aussi dans des magasins et en vitrine au niveau des grandes et des petites villes. Attiré par le prix généralement bas, le client n'hésite pas à opter pour ces produits, plutôt que pour des articles authentiques, surtout que le pouvoir d'achat est de plus en plus faible. Le préjudice économique est important pour l'Algérie. Selon une étude menée par le Groupe de protection des marques (GPM) en Algérie, la contrefaçon fait perdre à l'économie algérienne chaque année plus de 20 milliards de dinars, soit environ 236 millions d'euros, 7 000 emplois et 14 milliards de dinars (165 millions d'euros) en recettes fiscales. Si dans le domaine vestimentaire par exemple, les clients achètent souvent de la contrefaçon en connaissance de cause, dans un certain nombre de cas, par exemple les médicaments ou encore les pièces détachées de voitures, les acheteurs sont bernés, car tous pensent acheter des produits originaux, mais en fait ils achètent des contrefaçons, potentiellement dangereuses pour leur santé et leur sécurité. Les pièces détachées contrefaites sont à l'origine de 10% des accidents La démocratisation du secteur de l'automobile en Algérie a propulsé la vente des véhicules dans le hit-parade des activités commerciales, suivie de celle des pièces détachées. Différentes marques essayent de sensibiliser les citoyens pour vulgariser l'achat des pièces d'origine, tout en diabolisant les dangers des pièces contrefaites. Mais la vérité est tout autre. Le faible pouvoir d'achat des citoyens fait que 40% des clients achètent des pièces contrefaites. La différence des prix entre les deux avoisine les 60%. Ainsi, tous les magasins exposent des pièces d'origine et de contrefaçon. Elles sont vendues selon les besoins et les souhaits des automobilistes. La cherté des pièces d'origine pousse donc les citoyens à acheter les pièces de contrefaçon, occultant de fait que les dégâts des pièces détachées contrefaites ne sont pas seulement économiques. Ces pièces, mal usinées et dont la durée de vie très limitée, sont aussi responsables d'un grand nombre d'accidents de la route, au moins 10 à 20% selon les statistiques de la Direction du commerce. Boostées par l'acquisition des véhicules par voie du crédit bancaire (40% du parc automobiles sont asiatiques), les pièces de rechange des pays de l'Extrême-Orient sont les plus vendues. Avec des stocks qui s'écoulent rapidement, plus de 60% des importateurs se mettent à l'approvisionnement en pièces de contrefaçon. Il est aujourd'hui très difficile de trouver des pièces détachées conformes sur le marché algérien, et quand il y en a, c'est à un prix trop souvent inaccessible. Pour promouvoir la contrefaçon, l'on n'hésite pas à affirmer, à tort d'ailleurs, que les normes de sécurité des pièces d'origine et de contrefaçon sont les mêmes, mais les pièces contrefaites n'ont pas été fabriquées pour le long terme. C'est dans la durée de la pièce que repose la différence. Importation de pièces détachées : nouveau tour de vis Face à cette situation, le marché de la pièce de rechange a été consolidé vers la fin 2009 par de nouvelles dispositions établies par le ministre du Commerce. Ces dernières font obligation aux concessionnaires de réorganiser leurs réseaux d'importation et de distribution de la pièce de rechange en Algérie. Par ailleurs, les pièces détachées non importées depuis les pays constructeurs ne seront plus autorisées en Algérie, et ce, depuis le 2 novembre dernier. Cette interdiction vise à protéger les Algériens contre les fausses pièces de rechange qui, selon les autorités, envahissent le pays et causent de nombreux accidents. Ces mesures, prises par les pouvoirs publics, sont autant d'instruments pour limiter l'ampleur du phénomène. Néanmoins, nombreux sont ceux pour qui il est illusoire de prétendre mettre fin à ce phénomène si le citoyen ne prend pas conscience des menaces qu'il fait peser sur sa personne, sa famille et d'autres usagers de la route en achetant ces pièces. Les vêtements aussi n'échappent pas à la contrefaçon. Les dermatologues préviennent contre les risques sur la peau, tels que l'allergie, les eczémas que peuvent générer les sous-vêtements, les chemises, les tee-shirts, les pantalons, les pulls, mais aussi des chaussures et chaussettes fabriqués avec des matières douteuses.