Ali Benflis, fondateur du parti Talaîou El Houriyet (les avant-gardes des libertés), doute de la paternité du message menaçant à l'égard de l'opposition, lu au nom du président Bouteflika jeudi dernier. «Outre tous les autres ravages qu'elle occasionne au pays, la vacance du pouvoir rend particulièrement difficile de savoir qui fait dire quoi au premier responsable du pays», écrit-il dans un communiqué rendu public hier. «L'on ne sait qui, du titulaire nominal de la fonction présidentielle ou des cercles occultes qui se sont constitués à la faveur de la vacance du pouvoir, est le véritable concepteur et l'instigateur réel de ces agressions politiques contre l'opposition nationale», ajoute-t-il, estimant que de telles réactions sont le propre «des régimes totalitaires» qui versent, «à l'approche de leur fin, dans l'irrationnel et perdent leur sang-froid et avec lui le sens des réalités». Pour l'ancien chef de gouvernement, ce message «prétendument présidentiel» suscite quatre lectures politiques essentielles. La première est, estime-t-il, que ce message n'est pas «manifestement celui de Bouteflika». «Il n'en a ni la hauteur de vue, ni le sens de la mesure et de la responsabilité, ni la vision toujours rassembleuse qui forment les traits distinctifs des messages présidentiels respectables», précise-t-il, jugeant que le discours lu à Ghardaïa «est le pur produit de semeurs de discorde et de porteurs de haine». La seconde lecture de Ali Benflis porte sur la réalité du régime politique en place. Un régime qui, estime-t-il, est complètement déboussolé. «Ce message prétendument présidentiel révèle aussi un régime politique qui n'a plus prise sur les réalités et un régime politique qui ne sait plus quoi dire, quoi faire et quoi inventer pour cacher ses innombrables faillites politiques, économiques et sociales qu'il laissera pour seul héritage à la génération présente comme aux générations à venir. C'est donc d'un régime politique saisi de panique, d'un régime politique désemparé et d'un régime politique ayant perdu son emprise sur les événements dont il s'agit. Et cela n'augure rien de bon pour notre pays», ajoute-t-il. Hommage à la presse Poursuivant, Ali Benflis impute la responsabilité au régime en place la déstabilisation du front intérieur. Mais au lieu d'assumer cette responsabilité, écrit-il, le régime cherche des boucs émissaires, en désignant du doigt «l'opposition nationale». «Rappelons donc aux rédacteurs égarés de ce message que la presse nationale a payé le tribut du sang pour mériter et arracher son droit de penser, de s'exprimer, d'écrire et de critiquer sans autres limites que celles de sa conscience, du devoir de bien informer et des règles éthiques propres à la profession», lance encore Ali Benflis, précisant que l'enjeu actuel, pour l'opposition, est «la préservation de l'Etat national».