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«Plus de 11 millions d'Algériens ont aujourd'hui le français en partage» ALEXIS ANDRES. Conseiller de Coopération et d'Action Culturelle et Directeur de l'Institut Français d'Algérie
Quel est l'état des lieux de l'évaluation de la francophonie à travers le monde ? La francophonie, ce sont tout d'abord des femmes et des hommes qui partagent une langue commune, le français. Le dernier rapport en date de l'Observatoire de la langue française, publié en 2014, estime leur nombre à 274 millions de locuteurs répartis sur les cinq continents. Les projections montrent aussi le formidable dynamisme de la francophonie : 750 millions de locuteurs demain, dont une grande majorité de jeunes ! Dans cet ensemble, l'Algérie occupe une place particulière : c'est un grand pays francophone, le troisième du monde. Plus de 11 millions d'Algériens ont aujourd'hui le français en partage. La vitalité de la langue française en Algérie a encore été manifestée récemment par le succès exceptionnel du dernier roman de Kamel Daoud, Meursault contre-enquête, finaliste du prix Goncourt. Lorsque nous avons lancé le prix de la Nouvelle fantastique en 2014, nous avons parié sur cette vitalité et les contributions reçues l'ont montrée. La langue française est donc une réalité quotidienne en Algérie, aux côtés de l'arabe et avec l'arabe. La francophonie, c'est aussi la défense de la diversité culturelle et du plurilinguisme, car cette diversité est une richesse. C'est l'action conjuguée des pays francophones qui a permis l'adoption, en 2005, de la Convention sur «La protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles». Votre quotidien a d'ailleurs accepté de parrainer le concours d'écriture co-organisé par plusieurs représentations francophones (Canada, Suisse, Wallonie-Bruxelles, France) sur ce thème, dont la remise du prix s'est tenue hier, samedi, à l'IF à Alger à 11h. La francophonie, enfin, c'est par la langue et le dynamisme des populations qui la pratiquent un véritable atout économique. Une même langue facilite les échanges et a donc un impact positif sur la croissance et l'emploi. Une récente étude a montré que les échanges commerciaux induits par l'appartenance à l'espace francophone ont entraîné ces dernières années un supplément de PIB par tête d'habitant de 6% en moyenne dans les pays concernés. Existe-t-il un engouement des jeunes pour la langue française ? L'Institut français d'Algérie fait face à une demande croissante de cours de français. Le nombre d'apprenants inscrits est, chaque année, en progression constante (11 400 en 2013 et 13 700 en 2014). Pour répondre à une demande spécifique, nous avons ouvert des cours ludiques pour le public «junior» (les 11-18 ans) qui peuvent conduire par ailleurs à une certification, le Diplôme d'études en langue française (DELF) junior. Pour encourager cet apprentissage du français par les jeunes, en complément de son enseignement dans le système scolaire, l'Institut français d'Algérie offre un accès très large à la culture en français : les 5 médiathèques de notre réseau, ouvertes 6 jours sur 7 toute l'année, y compris en été, comprennent un département «Jeunesse» : celui d'Alger propose 4000 documents à ce public jeune qui représente 34% de nos 10 000 adhérents. De plus, nous étendons depuis 2014 cet accès aux ressources numériques avec l'offre Culturethèque : ce sont plusieurs centaines de milliers de documents numériques qui sont aujourd'hui disponibles sur la plateforme Culturethèque Algérie en streaming ou au téléchargement, en provenance de grandes institutions culturelles partenaires ou de fournisseurs commerciaux de contenus numériques. Notre programmation culturelle est aussi là pour donner à ces jeunes l'envie de se divertir, de débattre, de rêver en français… Pour «Le printemps des poètes», début avril, nous accueillerons le slameur Hocine Ben. En juin, nous proposerons aussi un spectacle tourné vers les défis environnementaux : Odysseus Plastok. Et bien d'autres manifestations réjouiront notre public. Quel était le programme de fête de la francophonie ? Hier, samedi 21 mars, aura été une journée particulière à l'Institut français d'Alger. La fête de la francophonie y a été célébrée de plusieurs manières. Avec nos partenaires, tout d'abord, qu'il s'agisse des autres ambassades francophones et notamment celle du Canada ou des associations comme l'association des professeurs de français CNEFA. Avec l'ouverture de nos cours de français, aussi bien physiquement dans le cadre d'une journée «portes ouvertes» dans tous les instituts français d'Algérie, que virtuellement avec le lancement de notre premier cours en ligne (MOOC), accessible gratuitement par tous sur : http://if-algerie-langue-francaise.com/. Nous avons rendu aussi un hommage important à cette grande intellectuelle algérienne, fondatrice de la littérature féminine algérienne d'expression française, historienne, cinéaste, la défunte Académicienne Assia Djebar, élue à l'Académie française en 2005. Quelques semaines après sa disparition, nous avions le devoir de saluer l'imposant héritage qui nous a été légué par cette femme de conviction, aux identités multiples et fertiles qui nourrissaient son œuvre, entre l'Algérie et la France, entre le berbère, l'arabe et le français. Nous étions nombreux hier après-midi à écouter des lectures de ses textes, prolongées par une table-ronde animée par Mme Amina Bekkat, suivi du très beau film-interview réalisé par Mireille Calle-Gruber avec la regrettée Assia Djebar.