Nadia Issiakhem, l'épouse de l'illustre peintre décédé, a illuminé la galerie en atterrissant à Maghnia, un matin de samedi ensoleillé. «C'est tout simplement extraordinaire : voilà des peintres qui se sont battus pendant plus de 30 ans pour reconvertir une église en galerie d'art. Ils sont à féliciter !». «Ce sont des sentiers non battus que nous, collectif des peintres de Maghnia, ouvrons à nos homologues de l'Ecole des beaux-arts de Mostaganem…». C'est en ces termes de Mimoun Ayer, amateur de peinture et de belles lettres, que cinq plasticiens, Hachemi Ameur, Mohamed Oulhaci, Saïd Chender, Saïd Debladji et Adlane Djeffal, de la capitale du Dahra, sont conviés à exposer la galerie d'art de Maghnia, la seule des anciennes églises du pays converties en espace culturel. «Sentiers» est le thème de l'exposition où l'humanisme prédomine dans des toiles aux couleurs qui invitent à l'optimisme, à l'espoir. Et même quand le gris et le noir de Hachemi s'incrustent dans le rouge et le bleu, cela donne l'amour. Visionnaire, il allie le classicisme dans la technique, la modernité et la contemporanéité dans l'appréhension de l'œuvre… Des formes de Chender s'enchevêtrent, mais qu'importe puisque l'aboutissement est l'affection. A sa façon, l'artiste fait l'actualité. Tel un présentateur d'informations, mais sans téléprompteur. Il se laisse emporter, il se livre bellement. Debladji a beau tenter de nous dérouter — d'aucuns diront nous ensorceler —, mais en nous faufilant entre les traits multicolores on se retrouve face… au repos de l'âme. Adlane nous happe avec ses silhouettes fantomatiques et, — quel enchantement ! — au final, on croise des personnages qui interpellent nos esprits. «Le public est entraîné là où l'humain cesse d'être le centre de l'univers». Et puis, Mohamed, éternel farceur avec ses huiles, ses aquarelles… ses compositions : un mode de langage qu'on peut percevoir dans ses thèmes. Un farceur parce que, entre autres, comme il dit : «Au début, je peignais les femmes plus par provocation qu'autre chose, pour contribuer à faire imposer leur présence ; aujourd'hui, j'utilise dans mes toiles le thème des femmes comme étant un socle…». Mais, quelle que soit la technique, semi-figuratif, aquarelle, abstraction… les cinq artistes peintres envoûtent par leur talent et leur humanisme… «Puissent donc nos illustres invités faire lever beaucoup de poussière sur nos sentiers. De ces poussières irisées qui embellissent les choses, les êtres et les avenirs incertains», souhaite notre Mimoun, lui le poète-philosophe ignoré… Mme Issiakhem, subjuguée par l'espace culturel et la ville hospitalière, a promis de revenir à Maghnia pour des surprises. Nous l'attendrons !