Un groupe de travail et de réflexion sur le dépistage et la prise en charge du cancer colorectal (CCR) en Algérie a été mis en place, jeudi, au niveau du CHU Benbadis de Constantine à l'initiative du Pr Zoughailech, médecin chef du service d'épidémiologie et de médecine préventive, et du Dr Hamada, chef de service de gastroentérologie. Ce groupe s'est donné trois mois pour l'élaboration d'un protocole de prévention qui sera présenté en juin prochain aux autorités centrales. Cette initiative s'inscrit dans le sillage du Plan national quinquennal de lutte contre le cancer, piloté par le Pr Zitouni, à la demande du président de la République. Quatrième type de cancer le plus mortel au monde, le cancer colorectal (atteinte du côlon et du rectum) est une pathologie fréquente en Algérie, où entre 3000 et 4000 cas sont enregistrés chaque année, sans pour autant inciter les services concernés à recourir à un dépistage de masse, en vue de prévenir et diagnostiquer ce type de cancer très dangereux. C'est pourquoi des spécialistes du secteur de la santé ont décidé de se pencher sur ce problème en préconisant un dépistage basé sur une enquête épidémiologique préalable, pour évaluer les facteurs de risques chez une population cible notamment. C'est l'ambition clairement affichée par le Pr Zoughailech et le Dr Hamada du CHUC qui ont décidé d'entreprendre une action commune pour mettre en œuvre un plan national de lutte contre le cancer colorectal (CCR). «En Algérie, il y a un déséquilibre entre le curatif et le préventif. Pour y remédier, il faut tout d'abord identifier une population cible au niveau d'un quartier ou une commune pour entreprendre un dépistage chez la population à risque, c'est-à-dire ceux qui présentent déjà des pathologies du côlon comme la maladie de Crohn (affection inflammatoire chronique du système digestif, ndlr) ou qui ont des antécédents familiaux de cancer colorectal», a estimé le Pr Zoughailech, lors d'une séance de travail tenue, en présence de résidents et de représentants de la direction de la santé et de la CNAS de Constantine. «Un dépistage ne s'improvise pas» Tout en insistant sur la nécessité d'informer la population à risque essentiellement, le conférencier a fait observer qu'«un dépistage ne s'improvise pas, il doit faire partie d'un plan national». Le Dr Hamada a noté, quant à lui, l'absence des généticiens des consultations cliniques. «Les spécialistes en génétique ne sont présents que lors des journées scientifiques ou à travers de brillantes publications médicales. Nous aurions besoin d'eux pour des consultations d'oncogénétique», a-t-il indiqué, tout en soulevant la problématique du manque de formation s'agissant de l'utilisation du matériel médical, citant l'exemple du coloscope (appareil permettant d'examiner le côlon grâce à une sonde). Les initiateurs de ce groupe de réflexion ont également sollicité la collaboration des services de la DSP ainsi que ceux de la CNAS. Le représentant de cette dernière a proposé de mettre à la disposition du groupe de réflexion une base de données regroupant tous les malades répertoriés en fonction de la pathologie recherchée, selon l'âge et le sexe. Ce groupe de réflexion s'est fixé une méthodologie de travail s'articulant autour de la mise en place de bases de données, de tests Hemoccult, d'un réseau de médecins, d'un centre de lecture et de sites pour la coloscopie. A signaler que des communications ont été présentées par les docteurs Merakchi, Namous, Boudrioua et Lamri, des résidentes des services d'épidémiologie et de gastroentérologie du CHUC, sur la prévalence du cancer colorectal ainsi que sur les moyens de dépistage et de prévention.