L'Algérie est le 135e pays à avoir ratifié, en février, la Convention de 2005 de l'Unesco sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles. «La ratification est passée inaperçue, parce que le ministère de la Culture est régi par des bureaucrates qui ne mesurent pas l'importance d'un tel acte», déclare Samir Hadji, écrivain et militant culturel. «Pendant longtemps, notre pays comptait parmi les derniers pays au monde à avoir refusé de franchir le pas. Il était resté, par conséquent, en dehors du débat et des enjeux internationaux relatifs à la gouvernance de la diversité culturelle, alors qu'il en avait grandement besoin, surtout après les événements tragiques de Ghardaïa», explique Ammar Kessab, expert en management culturel. «Officiellement, les objectifs de l'Etat en matière de culture en Algérie ont été conçus pour protéger et promouvoir la grande variété des particularismes culturels et régionaux du peuple. Le contenu de la Convention de 2005 met à mal une situation de statu quo culturel entretenue par le régime depuis l'indépendance, dans la mesure où le texte de la convention appelle explicitement les parties à créer, sur leur territoire, un environnement encourageant les individus et les groupes sociaux pour qu'ils puissent créer, diffuser et distribuer leurs propres expressions culturelles et à y avoir accès», ajoute-t-il. Maintenant, un retard considérable doit être rattrapé en matière de reconnaissance des cultures locales, «non pas en organisant des festivals folkloriques, mais en introduisant des réformes publiques de fond. Il s'agit aussi de créer un secteur culturel indépendant, géré de manière autonome, dans lequel les différents groupes sociaux peuvent s'exprimer librement, dans le cadre d'un appareil administratif et réglementaire qui encourage ces expressions plutôt que de les contraindre», précise M. Kessab.