Le professeur Hamdi Cherif Mokhtar est directeur du registre du cancer de Sétif, premier registre population en Algérie depuis 1986, créé en collaboration avec le Centre international de recherche sur le cancer (OMS). Il est membre votant de l'Association internationale des registres du cancer, représentant élu du continent africain à l'Association internationale des registres du cancer 1995-2000. Professeur en épidémiologie et en médecine préventive, il occupe le poste de médecin-chef hospitalo-universitaire du service de médecine préventive et épidémiologie du CHU de Sétif. Il est également membre du comité de préparation du Plan cancer 2015-2019. - Peut–on avoir un aperçu sur l'évolution des registres du cancer en Algérie ? Créé en 1986, le registre du cancer de Sétif est le premier registre de population en Algérie, validé par le Centre international de recherche sur le cancer, qui a publié les premières données d'incidence du cancer en Algérie, dans Cancer Incidence in Five Continents de l'Association internationale des registres du cancer. Le registre du cancer de Sétif a été suivi des registres du cancer d'Alger et d'Oran d'abord et ensuite par ceux de 11 autres wilayas. J'estime que l'expérience acquise dans la méthodologie par le registre de Sétif est d'une importance capitale pour le développement et la mise en réseau d'autres registres en Algérie. - Plusieurs wilayas ne disposent toujours pas de cet outil... La mise en place d'un registre du cancer est une initiative personnelle, appuyée et accompagnée par une équipe pluridisciplinaire. Le manque d'espace officiel au niveau des structures de santé n'a pas été un handicap. Pour l'institutionnalisation, la structuration et la pérennisation du registre du cancer, nous avons frappé à toutes les portes. Convaincu de l'importance et de l'utilité de cet outil indispensable pour la lutte contre le cancer, le ministère de la Santé a, en mars 2014, répondu favorablement à nos différentes sollicitations. Ainsi, un arrêté ministériel fixant la mise en place de registres de cancer au niveau de chaque wilaya est entré en vigueur. Il est impératif de développer les registres car ils fournissent des indications fiables sur le profil du cancer en indiquant les taux d'incidence, de tendance et de survie. Ils permettent l'amélioration des connaissances sur ce thème à l'échelle de tout le territoire. - C'est donc un élément-clé dans la lutte contre le cancer... Le registre est un élément-clé pour la mise en place d'un programme de lutte contre cette grave maladie. Une estimation fiable du nombre de nouveaux cas (incidence) nécessite leur enregistrement au sein de la population. Il est donc indispensable de disposer de données précises par la mise en place de registres. L'épidémiologie descriptive fournit ainsi non seulement des informations sur les distributions de la maladie cancéreuse, mais aussi des bases pour la prévention, la planification des services de santé et l'affectation des ressources. Ces dernières années, l'OMS et plusieurs autres groupes scientifiques ont reconnu l'importance des registres du cancer de population comme outil essentiel de recherche en santé. On doit en outre savoir que le Plan cancer national 2015-2019 s'est beaucoup appuyé sur les données de registres population pour dégager la stratégie de lutte contre le cancer et les principales mesures. Ces informations ont une immense valeur non seulement pour la wilaya, mais pour le pays tout entier.