L'utilisation des équipements électriques et électroniques en Algérie évolue suivant une courbe exponentielle, accentuant les risques d'«intoxication» aux métaux lourds. En Algérie, téléviseurs et autres produits high-tech ne sont ni recyclés ni récupérés, constituant une véritable bombe à retardement. Ils peuvent aussi devenir nos pires ennemis puisqu'ils représentent une source potentielle de pollution pour l'environnement et un danger pour la santé. Ces appareils high-tech, dont la nouvelle génération est très friande, peuvent s'avérer dangereux s'ils sont jetés sans traitement approprié préalable, comme c'est le cas dans notre pays. On trouve ces substances hautement toxiques dans les circuits électroniques, les écrans et les plastiques (PVC). Or, l'utilisation des équipements électriques et électroniques en Algérie évolue actuellement suivant une courbe exponentielle, accentuant les risques d'«intoxication» aux métaux lourds, d'autant qu'ils ne doivent en aucun cas être jetés à la poubelle ! Les Déchets d'équipements électriques et électroniques, ou DEEE, sont les déchets d'appareils fonctionnant avec une prise électrique, une pile ou un accumulateur rechargeable. Ils connaissent une forte hausse actuellement à travers le monde, et sont boostés par une commercialisation effrénée d'appareils high-tech en tout genre. Une fois jetés, ils doivent faire l'objet d'une collecte spécifique et d'un recyclage. Pas seulement pour traiter certaines substances toxiques qui les composent, mais également pour récupérer les métaux précieux qu'ils renferment, comme l'or, l'argent, le platine et le palladium. Si ces derniers sont présents en faible teneur, l'aluminium, le cuivre et l'inox sont présents en plus grandes proportions. On en trouve dans les claviers, les boîtiers, les unités centrales, les imprimantes et autres machines de type industriel. Une véritable source de matières premières qui peuvent se conjuguer en tonnes, sachant que le volume des DEEE est dans un cycle de croissance infini. A condition de les récupérer pour en faire bon usage. «Dans chaque foyer algérien on trouve un téléviseur voire plus, un réfrigérateur, un ordinateur, une cuisinière, ainsi que d'autres appareils électriques et électroniques. Mais il n'y a malheureusement pas de recyclage pour les vieux appareils. Ils sont soit mis de côté, soit jetés. Dans le monde, le Japon est classé premier dans le monde en matière de récupération de DEEE, alors qu'en Algérie nous sommes très en retard dans ce domaine», a précisé à ce sujet Abdelmadjid Sebih, président de l'Association de protection de la nature et de l'environnement (APNE). Une équation à «n» inconnue Faute de chiffres exhaustifs, il est difficile d'établir actuellement en Algérie la production (en kg) des DEEE par habitant, sachant qu'aucun organisme, ni public, ni privé, ne s'est penché sur la question. Il serait de l'ordre de 4,4 kg en 2014, selon un institut écologique européen. «Un chiffre en deçà de la réalité», estime M. Sebih. Une autre étude évoque une très probable augmentation de la production de ces déchets dans les pays en voie de développement d'ici 2018, sans que ces pays soient armés pour y faire face. Le volume des déchets pourrait y être multiplié par cinq. Les équipements électriques et électroniques sont massivement consommés par les ménages, les entreprises, les universités, les hôpitaux, les collectivités locales, les ministères..., et comme ils ne sont pas immuables, ils finissent par être «réformés». Et c'est là que les choses se compliquent. N'étant ni recyclés, ni récupérés, ils constituent dès lors une équation à «n» inconnue : ils auront une seconde vie ou plusieurs autres, et ce, en fonction de l'usage que chacun en fera. L'on apprendra ainsi que dans bon nombre d'entreprises, le matériel informatique réformé (ordinateurs, imprimantes, claviers…) est cédé aux enchères à des particuliers qui finiront, à leur tour, par jeter un jour cette acquisition, une fois minée par l'usure. D'autres préfèrent céder directement le matériel réformé à leurs employés. Mais, au final, le résultat est similaire : le matériel est tout simplement jeté. Il devient un vulgaire DEEE nuisible à l'environnement et à la santé publique, en se réincarnant notamment dans nos assiettes ! L'Algérie à la traîne Si aucune stratégie environnementale n'est envisagée dans les années à venir, l'Algérie croulera sous les déchets des équipements électriques et électroniques, à la faveur de la consommation frénétique de la population pour les appareils high-tech. Notre pays arrive déjà difficilement à trouver une solution radicale pour mieux prendre en charge ses déchets domestiques, que dire alors des DEEE ? Il y a quelques mois, la secrétaire d'Etat chargée de l'Environnement, Mme Dalila Boudjemaâ, a affirmé que l'Algérie perdait environ 300 millions d'euros par an à cause de l'absence de recyclage et de récupération des déchets. Le volume des déchets, tous types confondus, est estimé à hauteur de 13,5 millions de tonnes par an, dont 60% sont recyclables, alors que seulement 5 ou 6% sont soumis au recyclage. Trop peu pour un pays qui prétend concentrer ses efforts pour le développement de l'industrie de récupération et de recyclage des déchets domestiques. Les DEEE sont encore bien loin de constituer une priorité pour le gouvernement. Pourtant, sur un plan économique, les DEEE récupérés et recyclés ont l'avantage de pouvoir être réutilisés comme matière première secondaire, permettant de fabriquer de nouveaux appareils. C'est le pari que tentent de remporter les pays membres de l'Union européenne qui se sont assignés comme objectif de collecter 45% des équipements électriques et électroniques vendus sur le marché à partir de 2016 et 85% en 2020. Quand assisterons-nous à une prise de conscience du gouvernement algérien concernant ces déchets ? L'attrait de la technologie est tel qu'aujourd'hui les gens changent souvent ne serait-ce que de téléphone portable sans se poser de questions sur la manière de s'en défaire. Les responsables aussi…