Les automobilistes se plaignent, ces derniers jours, de difficultés d'approvisionnement en carburant, quand ce n'est pas de pénurie pure et simple. Ils doivent souvent parcourir des dizaines de kilomètres pour faire le plein. Qui est donc responsable de cette tension sur l'essence ? Selon plusieurs témoignages recueillis dans les stations-service, «la croissance continue et le renouvellement du parc automobile n'explique pas tout». L'Algérie a consommé en 2012 plus de 14 millions de tonnes de carburants, dont 2,4 millions de tonnes importées, ce qui représente en valeur 2,8 milliards de dollars. Loin de rassurer les automobilistes, Saïd Akretche, PDG de Naftal, ne veut pas entendre parler de pénurie. Il a affirmé que «rien ne justifie la crainte des automobilistes à se précipiter vers les stations. Le carburant est disponible suffisamment et le système de distribution fonctionne correctement». Il ajoute néanmoins : «Aucun système ne peut fonctionner de manière parfaite. Il peut arriver que des problèmes surviennent au niveau de l'exploitation, des ports, des pipelines ou des routes. Mais dans ces cas, il ne s'agit pas de pénurie.» Le PDG tente de minimiser la situation, mais les scènes de chaînes d'attente sont tout, sauf une hallucination collective ! A Alger, mais aussi dans plusieurs villes de l'intérieur du pays, le même constat: des files d'attente de véhicules dans les stations-service qui débordent jusque sur la rue, créant parfois des embouteillages, ou un ralentissement de la circulation routière. Celles dotées d'une faible capacité de stockage se vident rapidement. Les automobilistes des wilayas limitrophes, venus s'approvisionner au niveau des stations-service de la wilaya d'Alger sont à l'origine, également, de la tension enregistrée dans la capitale. Malgré tout les automobilistes prennent leur mal en patience en attendant leur tour pour être approvisionnés ! La rumeur de pénurie a vite fait le tour de la capitale et la crise de confiance a fait le reste. Ce sont surtout les transporteurs qui craignent la rupture, synonyme d'immobilisation de leur bus et donc impossibilité de travailler et manque à gagner énorme. Certains stockent des quantités de carburant pour parer au plus pressé en toute illégalité. Ce qui accentue la pénurie. Les pompistes pensent que la perturbation est «conjoncturelle», mais la pilule passe mal chez les automobilistes. Et c'est avec un dépit ostensible que certains expriment leur frustration : «Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Nous vivons cette situation depuis la semaine dernière. Lorsqu'un camion-citerne fait son entrée dans une station, une lueur d'espoir naît sur les visages», confie un automobiliste dans une des stations-service d'El Biar. Pour faire face au déficit des carburants, Sonatrach prévoit l'augmentation à hauteur de 30% des capacités des raffineries en activité (Skikda, Alger et Arzew), de la reconstruction de celle de Hassi Messaoud et de la création de trois nouvelles raffineries (Biskra, Ghardaïa et Tiaret) dotées d'une capacité de 5 millions de tonnes chacune et dont la mise en service est prévue entre 2018 et 2019. Mais force est de constater que, depuis quelques années, les perturbations du réseau de distribution sont devenues récurrentes, voire cycliques. Derrière la panique des citoyens qui a provoqué le rush, n'y a-t-il pas un véritable problème de maîtrise et d'anticipation de la demande de Naftal ? Par ailleurs, Djamel Cherdoud, responsable de la communication de Naftal, cité par des quotidiens, a qualifié ce phénomène de «crise de chaîne» et a assuré qu'aucun problème d'approvisionnement n'a été enregistré et que toutes les stations disposent de leur quota habituel.