Malgré la directive du Premier ministre qui consiste a rapatrier les migrants subsahariens, il se trouve que ces derniers squattent toujours les ruelles de la capitale en quête de moyens de subsistance. Le nombre de migrants africains reste toujours important à l'ouest d'Alger, malgré les mesures prises par l'Etat pour faire face à ce phénomène. Même si certains continuent toujours de faire la manche au centre de la capitale, la plupart d'entre eux ont trouvé refuge dans la périphérie. C'est le cas notamment des Subsahariens, dont la plupart ont quitté leurs pays en famille. D'ailleurs, les automobilistes ont l'habitude de voir des femmes avec deux ou trois enfants, des couples avec bébé, ou carrément des enfants mineurs demandant la charité sous la pluie et le froid. Ces pauvres individus bénéficient de la générosité de quelques automobilistes et passagers, mais l'on ne voit aucune action officielle venir leur porter aide et assistance. Renseignements pris, l'on apprend que ces migrants, en situation irrégulière en Algérie, se livrent à la mendicité faute de choix. Leur présence sur les routes menant vers Aïn Benian, Sidi Fredj et Staouéli ne semble pas interpeller les autorités publiques. Approché, un jeune homme ne dépassant pas la trentaine, originaire, selon lui, du Mali, dit qu'«il se sent en sécurité en Algérie», et il recourt à la mendicité pour avoir «de quoi survivre». «J'aurais aimé trouver un poste de travail et gagner ma vie, hélas je ne trouve toujours pas où me caser», nous dira-t-il. En tentant d'approcher les autres mendiants africains, on aperçoit une certaine méfiance, notamment chez les mamans entourées de leurs enfants, la plupart en bas âge. Peu loquaces, elles préfèrent se murer dans un mutisme prudent. «Depuis le départ des migrants nigériens, ceux des autres nationalités vivent avec la crainte d'être un jour rapatriés», nous dira un habitant, ayant l'habitude de les voir et de discuter avec eux. «La plupart d'entre eux ont fui les conditions sociales et économiques insupportables dans leur pays. Ils ne comptent pas y retourner, mais ils ne voient pas également leur situation s'améliorer en Algérie», explique-t-il, ajoutant que «si les plus jeunes d'entre eux rêvent de traverser la Méditerranée, les enfants et les plus âgés se contentent de quelques sous et de la nourriture et vivent sans objectif, ni espoir, hormis celui de manger à leur faim». Mais faut-il pour autant les laisser vagabonder d'une ville à une autre et d'un quartier à un autre en quête d'un sandwich, de quelques sous ou d'un vêtement usé offert par des bienfaiteurs ? De nombreux citoyens solidaires de ces familles subsahariennes expriment le souhait de les voir bénéficier d'une meilleure prise en charge de la part de l'Etat. «On dirait que tout le problème se limite à les chasser du centre de la capitale et que leur présence dans la périphérie, loin des caméras et des yeux des responsables est la solution idoine», s'indigne un autre citoyen. Contrairement à ce que tentent de véhiculer certains médias, la plupart de ces migrants sont inoffensifs et disciplinés. «Ils font tout pour rester effacés et ne pas se faire remarquer. Même s'ils s'exposent en demandant la charité sur la voie publique, leur geste n'est qu'un instinct de survie, sans lequel ils risquent de mourir de faim», estime notre interlocuteur.