Croissance économique en berne, inflation et chômage en hausse, déficit aggravé de la balance des comptes courants. Telles sont désormais les nouvelles prévisions établies par le Fonds monétaire international (FMI) quant aux perspectives économiques de l'Algérie pour l'exercice en cours. Fini donc le temps des satisfecit sur la bonne tenue des équilibres macroéconomiques du pays et voici venu le temps des avertissements contre le creusement des déficits publics et la contraction des revenus pétroliers, dont dépend la survie de l'économie nationale à près de 98%. Dans son nouveau rapport sur les perspectives économiques mondiales, dévoilé hier à Washington et repris par l'APS, le FMI a ainsi sérieusement revu à la baisse ses prévisions de croissance du PIB de l'Algérie, ne tablant désormais que sur de faibles taux de 2,6% et 3,9% pour 2015 et 2016, contre 4,1% en 2014. Des chiffres qui contrastent clairement avec ceux publiés en octobre dernier et qui faisaient ressortir une croissance prévisionnelle de 4% pour l'année en cours, soit un différentiel de 1,4 point comparativement aux nouvelles prévisions publiées hier par la même institution. Le baril de brut ayant entre temps perdu quelque 60% de sa valeur depuis juin dernier, le FMI alerte également sur l'aggravation du déficit de la balance des comptes courants de l'Algérie, indiquant que celle-ci «sera encore négative pour s'établir à -15,7% du PIB en 2015 et à -13,2% en 2016, contre -4,3% l'année dernière». Des déficits qui ne manqueront pas, faut-il le souligner, d'accentuer davantage la contraction des réserves officielles de change, qui ont déjà baissé, rappelle-t-on, de quelque 15 milliards de dollars en 2014. Si les équilibres extérieurs de l'Algérie deviennent ainsi de plus en plus fragiles, au moment où rien n'augure d'un éventuel rebond des cours pétroliers mondiaux à court terme, au plan interne, les principaux indicateurs virent également au rouge, indiquent encore les prévisions du FMI. Ainsi, l'institution de Bretton Woods révèle que le taux de chômage en Algérie devrait s'établir à 11,8% en 2015 et à 11,9% en 2016, alors qu'il se situait à seulement 10,6% en 2014. Moins d'emplois, mais aussi moins de pouvoir d'achat car le taux d'inflation devrait aussi grimper en 2015 et 2016 pour atteindre un niveau de 4%, contre un taux de 2,9% en 2014, selon le rapport du FMI. En définitive, estime cette institution financière internationale, l'Algérie, tout comme la plupart des pays pétroliers de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), a besoin de «recalibrer» son plan de consolidation budgétaire à moyen terme pour faire face à la forte chute des prix du pétrole. Et pour éviter des «coupes brutales» dans leurs dépenses budgétaires, ajoute au demeurant le Fonds, ces pays pétroliers pourraient recourir davantage à leurs réserves et disponibilités financières actuelles, en attendant la mise en œuvre de réformes structurelles efficientes pour amorcer une diversification économique.