Les archives témoignent de l'âpre résistance de Constantine à l'armée française : deux sièges terribles (1836 et 1837) pour venir à bout d'une ville dont le site exceptionnel et d'innombrables attaques depuis l'Antiquité ont contribué à la défense. Mais c'est aussi l'engagement d'Ahmed Bey qui permit cette épopée. Né en 1786, le dernier bey de Constantine apparaît dans sa jeunesse comme précoce en maturité et doué dans l'exercice de l'équitation et des armes. Il aurait reçu à 18 ans son premier titre de caïd. Il prendra part à des expéditions liées à la collecte des impôts ou à des révoltes de tribus. Il a quarante ans en 1826 quand il est nommé bey de Constantine. Il s'emploie à organiser la ville et son territoire. Il y construit son palais, joyau du patrimoine constantinois, mais également des fortifications, voies d'accès et ouvrages publics. Il veille à l'ordre public et renforce l'armée régulière. Dès le débarquement de Sidi Fredj en 1830, il se porte avec ses troupes sur le front mais la débâcle l'oblige à se replier sur Constantine. Après la prise de la ville en 1837, il réussit à s'en échapper. L'histoire atteste qu'il aurait pu négocier, comme le dey d'Alger, un exil doré. Mais il choisit de poursuivre la résistance en s'appuyant sur l'arrière-pays et, notamment, les Aurès. Durant plus de dix ans, il deviendra un des cauchemars des généraux français, s'imposant comme le chef et l'icône de la résistance dans l'Est algérien, au même titre que l'Emir Abdelkader à l'Ouest et au Centre. Finalement, cerné de toutes parts et isolé, il doit se rendre le 5 juin 1848. Lors de son passage par Constantine, organisé pour briser le moral de ses habitants, plusieurs d'entre eux furent jugés par le tribunal militaire pour avoir manifesté leur admiration à son égard. Décédé en août 1851, il a été enterré, selon ses dernières volontés, au cimetière de Sidi Abderrahmane, à Alger.