En dépit d'une importante législation en matière de protection des espèces menacées, les actions menées sur le terrain pour lutter contre le braconnage demeurent dérisoires. Après celui de Batna et Oum El Bouaghi, le troisième acte du colloque international sur l'ornithologie (branche de la zoologie qui a pour objet l'étude des oiseaux) en Algérie s'est ouvert, hier à l'auditorium Sassi Benhamla du nouveau campus de l'université 8 mai 1945 de Guelma, auquel ont pris part des chercheurs des universités d'Algérie de Tunisie et du Maroc. Cette manifestation scientifique a pour objectif de faire le point sur l'histoire de l'ornithologie dans notre pays, son évolution et l'état actuel des recherches. Mais aussi d'identifier et de créer des réseaux d'échanges et de compétences en la matière pour en développer des liens de partenariat et de collaboration. «La recherche scientifique n'a pas de frontières et doit dépasser les clivages politiques», a déclaré Mohamed Nemamcha, recteur de l'université 8 mai 1945 de Guelma à l'ouverture officielle de ce colloque. Et d'ajouter : «nous œuvrons pour la construction d'un Maghreb où les échanges d'étudiants entre universités marocaines, algériennes et tunisiennes, lesquelles faudrait-il annoncer, ont déjà commencé». Et comment il en serait autrement, puisque les représentants des trois pays, notamment ceux activant au sein des associations, ont pris part à ce colloque. «Nous avons créé l'association nationale algérienne d'ornithologie (ANAO) le 6 août 2013 à Oum el Bouaghi. L'activité de ses membres consiste à étudier l'avifaune, en particulier algérienne et diffuser l'information sur l'importance des oiseaux dans leur milieu naturel, et œuvrer pour la conservation de l'avifaune en particulier et, plus largement la biodiversité, dans le cadre de la protection de l'environnement et du développement durable, et en fin de sensibiliser le public à la valeur des oiseaux en tant que ressource biologique et patrimoine naturel», nous a déclaré en marge des travaux du colloque, Menouar Sahed, président de l'ANAO, maître de conférences à l'université d'Oum El Bouaghi. «Bien que nous soyons dotés d'instruments législatifs en matière de protection d'espèces menacées de disparition de part l'agression de leur environnement naturel par la pollution ou le braconnage, tel pour le chardonneret d'Algérie, les actions concrètes pour lutter efficacement restent dérisoires sauf la sensibilisation. Nous œuvrons également pour des échanges et des actions en commun avec nos confrères et consœurs tunisiens et marocains», poursuit-il. «Dans cette même vision magrébine qui n'a vu jusque-là que des études d'ornithologie Nord-Sud, une fédération maghrébine d'ornithologie est en voie de création», nous a déclaré Mohamed-Aziz El Agbani, vice-président du groupe de recherches pour la protection des oiseaux au Maroc. Et de conclure : «nous avons crée notre association en 1993. Avec l'aboutissement d'un tel projet maghrébin, nous pourrions mieux asseoir notre position de chercheurs et fervents défenseurs de la nature et des oiseaux, en Afrique et dans le monde». Notons enfin que pas moins de 169 chercheurs issus des universités et des centres universitaires de 18 wilayas de l'Est, 9 du Centre, 4 de l'Ouest et enfin trois du Sud du pays ont été conviés à ce colloque, dont le programme annonce 79 communications orales et 116 posters. Ce colloque est organisé par la faculté des sciences de la nature et de la vie et sciences de la terre et de l'univers, laboratoire des biologies Eau et environnement (LBEE) de l'université de Guelma.