L'impasse dans laquelle s'est trouvé le procès de l'affaire autoroute Est-Ouest va connaître une sortie, dimanche prochain, apprend-on de Me Tayeb Belarif, qui affirme que l'accusé Medjdoub Chani a décidé «de reprendre» son collectif de défense. Il ne souhaite pas, a-t-il ajouté, que «les autres accusés soient pris en otage». Le procès de l'affaire autoroute Est-Ouest connaîtra, dimanche prochain, un dénouement qui permettra au tribunal criminel, près la cour d'Alger, de poursuivre l'audience, après avoir été mis dans une situation d'impasse, suscitée par la déconstitution des avocats du principal accusé, Medjdoub Chani, et le refus de ce dernier d'avoir une défense. Contacté, Me Belarif a déclaré qu'«à la demande du parquet général, le bâtonnier avait désigné un avocat commis d'office pour assurer la défense de Chani. Celui-ci lui a rendu visite et lui a expliqué que dimanche prochain, il sera obligé de demander le renvoi de l'affaire à la prochaine session pour pouvoir étudier le dossier. Le tribunal sera obligé d'accepter, prolongeant ainsi la détention des accusés. Chani sait que de toute façon, son arrêt de mort est signé. Laisser le procès en situation d'impasse ne sert à rien». Me Tayeb Belarif précise que lors de son entretien avec l'accusé, en prison, ce dernier lui a demandé de revenir sur la déconstitution pour assurer sa défense et permettre ainsi au procès de se poursuivre. «L'audience de dimanche prochain sera une continuité de celle du 19 avril, bien sûr après le dépôt des lettres de constitution des quatre avocats du collectif de défense. Chani aura donc ses avocats et le procès se tiendra.» Revenant sur la précédente audience, Me Belarif persiste à exprimer son désarroi face aux déclarations de certains de ses confrères, notamment le bâtonnier, Me Abdelmadjid Sellini. «J'ai honte que ces gens puissent porter la même robe que moi. Leur attitude discrédite la profession qui apparaît comme celle des indicateurs. Le président a laissé faire alors que le bâtonnier n'est même pas constitué dans l'affaire. D'autant qu'il n'y a eu aucun incident majeur qui aurait pu susciter l'intervention du bâtonnier. Nous étions toujours aux questions liées à la procédure et le bâtonnier est intervenu de manière inopportune. Mieux, Me Berghel est allé plus loin en utilisant des propos xénophobes, sans que le président n'intervienne, dans le seul but de discréditer la défense de Chani», a déclaré Me Tayeb Belarif. A la question de savoir pourquoi il n'y a pas eu de réaction de la part de la défense au moment de l'intervention du bâtonnier et de Me Berghel, Me Belarif répond : «Nous aurions pu le faire, mais nous nous sommes abstenus parce que nous savions qu'ils étaient là pour faire dans la provocation et susciter la confusion. Leurs propos ne méritaient que le mépris. Il ne fallait surtout pas tomber dans leur piège. En tout état de cause nous allons nous concerter, en tant que défenseurs de Chani, pour répondre au bâtonnier à travers une lettre qui sera rendue publique dans les tout prochains jours.» Sur la question de la convocation de sept témoins – parmi lesquels quatre officiers de la police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS), le juge d'instruction et le procureur de Bir Mourad Raïs, réclamée par la défense de Chani – Me Belarif affirme que le juge a déjà statué sur cette demande : «Il l'a rejetée, et devra rendre un arrêt dans ce sens.» Cependant, sur la convocation de l'ancien ministre des Travaux publics, Amar Ghoul, en tant que témoin, Me Belarif affirme que son mandant n'a aucune relation, ni de près ni de loin, avec l'ancien ministre qui pourrait susciter sa convocation. Cependant, il se déclare étonné de voir que le tribunal ne l'a pas convoqué, au même titre que les 28 témoins, alors qu'il a été entendu par écrit lors de l'instruction. «Je ne vois pas pourquoi son nom ne figure pas sur la liste des témoins et pourquoi sa présence n'a pas été réclamée.» A la lumière des déclarations de Me Tayeb Belarif, peut-on dire que le procès de l'affaire autoroute Est-Ouest s'ouvrira dimanche prochain au tribunal criminel près la cour d'Alger pour permettre aux 16 accusés (dont quatre en détention) et sept sociétés étrangères poursuivies en tant que personnes morales, d'être jugés ? La question reste posée.