Depuis 15 ans, les villes de Saida, Ain el Hadjar et de Sidi Ahmed sont alimentées en eau d'une qualité médiocre pompée à partir de la nappe thermo-minérale de Chott Chergui. De plus, les eaux de cette nappe ont une température de 30°C et leur quantité est limitée. Pour pallier ces insuffisances graves de la ressource en eau et ses conséquences néfastes à long terme sur la santé des populations, des propositions et des réflexions concrètes ont été suggérées. A cet effet, deux ingénieurs hydrogéologues en retraite Slimani K. et Bahloul A., préconisent aujourd'hui l'alternance de l'AEP de l'agglomération de Saïda à partir des nappes d'eau froide de très bonne qualité situées dans un rayon de 30 km autour de la ville. Pour Bahloul A., «la qualité des eaux de Chott Chergui n'est pas garantie. Aucune étude concernant l'évolution de la minéralisation et de la température durant l'exploitation n'a été faite. Ce projet a nécessité des équipements non standardisés, spécialement commandés et usinés uniquement pour des débits exceptionnels et des paramètres très spécifiques. Le prix du mètre cube d'eau mobilisé et transféré ainsi que le coût de l'énergie électrique sont très élevés et continueront de l'être». Pour cet hydrogéologue, «l'ENEP (entreprise nationale d'engineering pétrolier filiale de Sonatrach) constatant la mauvaise qualité des eaux avait initialement projeté la réalisation d'une station de déminéralisation, ce qui aurait aggravé encore plus le prix de revient du mètre cube d'eau mobilisé. De plus, le mélange de 500 l/s des eaux de la nappe de Chott Chergui, des eaux de sources de Aïn Zerga et de Aïn Bent Soltane sans aucune étude de faisabilité par le biais de laboratoires d'analyses chimiques est voué à l'échec». Dans le même sillage, l'hydrogéologue Slimani K. estime que «Chott Chergui est une nappe pratiquement fossile, non renouvelable. La probabilité de nous retrouver dans une situation telle que les ressources seront menacées par une surexploitation qui, non seulement ferait diminuer les quantités exploitables, mais provoquerait une augmentation de la minéralisation des eaux bien au delà des normes est inéluctable». Cette probabilité s'est concrétisée dans les faits: les analyses chimiques des eaux du forage d'exploitation C3 effectuées en 1999 par l'ANRH font ressortir un résidu sec de 1560 mg/l, en 2009, il est de 1800 mg/l. Cette augmentation du résidu sec a eu lieu en 10 ans avec un débit d'exploitation de 160l/s très largement inferieur à celui du projet 500 l/s. Pour ce qui de l'aspect quantitatif, la répartition des débits à prélever par le ministre des Ressources en eau, les années 80, concernait 4 wilayas: Saïda, El Bayadh, Naâma et Tiaret. Les débits attribués à Saïda étaient de 500l/s pour l'AEP et 900 l/s pour l'irrigation. Déjà ces quantités pour cette seule wilaya dépassaient les capacités de la nappe, selon le modèle mathématique de la SOGREAH de 1960 (1100 l/s) réactualisé par l'ANRH en 1992 (1260 l/s), la nappe de Chott Chergui est exploitée actuellement par 5 wilayas dont la dernière est Sidi Bel Abbes et qui prélèveraient plus de 2000l/s. Tenant compte des réalités contraignantes et des problèmes engendrés par l'exploitation de la nappe de Chott Chergui, les deux ingénieurs proposent de soulager le captage de Aïn Skhouna en le destinant uniquement à l'irrigation de Dayet Zerraguet. La nappe des eaux minérales et des nappes de la zone ouest seront sollicitées pour l'AEP de la ville de Saïda. Leurs réserves exploitables alimentant les forages et sources disponibles (6 avec un total débit de 183 l/s). La qualité des eaux est bonne, la minéralisation ne dépasse pas 1 g/l. Les couts de pompage sont de loin moins importants que ceux de Skhouna, les équipements électromécaniques sont standard, donc facilement disponibles, leur maintenance et leur remplacement aisés. La nappe des eaux minérales de Saïda permet une mise en œuvre relativement aisée, rapide, peu couteuse des techniques de recharge artificielle pouvant accroitre considérablement les réserves exploitables en eaux souterraines. Ce qui n'est pas le cas pour les eaux souterraines de Chott Chergui sollicitées par plusieurs wilayas et pour plusieurs utilisations. Il est utile de rappeler que les deux ingénieurs Slimani et Bahloul étaient les premiers et les seuls dans la wilaya à s'opposer au projet de l'AEP pour la ville de Saïda à partir de la nappe de Chott Chergui mais ils n'ont pas été écoutés. Maintenant que toute la ville parle des dégâts occasionnés par l'eau saumâtre de Skhouna.