C'est avec plus d'une heure de retard que l'ensemble des cornemuseurs d'El Haras El Djoumhouri a fait son apparition, mercredi soir, sur la scène de la salle Zénith du complexe Ahmed Bey à Constantine. Une prestation haute en sonorités, qui a enchanté le public constantinois, déjà ennuyé par la longue attente. Une entrée, qui a quand même fait vibrer aussi la salle, grâce à une interprétation très originale de quelques chansons du répertoire algérien, dont les célèbres «Goumari» et «Yahiaou Ouled bladi» de Deriassa. Un moment de joie en prélude à la prestation de l'orchestre symphonique national, dirigé par le brillant maestro Amine Kouider, avec la participation de la chanteuse Nada El Rayhane, la chorale et la troupe d'El Haras El Djmohouri et la chorale polyphonique d'Alger, et qui ont présenté pendant un peu plus d'une heure le spectacle «Symphonie du Weam» (la symphonie de la concorde). Une succession de 12 chants patriotiques merveilleusement interprétés, entamée par le fameux «Min ajliki ya djazair» et clôturée par «Yahiaou ouled bladi» de Rabah Deriassa, avec une nouvelle distribution de Amine Kouider, en passant par la populaire chanson du regretté Cherif Kheddam «Dzair inchallah atsahlou». Longuement ovationné, l'orchestre national symphonique, qui se produit au complet pour la première fois à Constantine, et dont le spectacle est aussi le premier à la salle Zénith, dans la cadre de l'évènement culturel de 2015, après «La Malhama de Constantine», a réalisé l'une de ses meilleures prestations. Une occasion qui n'a pas été ratée par les familles constantinoises, qui ont été nombreuses à faire le déplacement, surtout que le côté organisationnel a été bien maîtrisé cette-fois ci, bien que l'histoire des invitations a encore une fois refait surface à travers les médias, et a laissé des appréhensions chez de nombreux citoyens, qui craignaient d'être refoulés avant de pouvoir rejoindre la salle. Il fallait aussi voir l'impressionnant dispositif de la gendarmerie mis en place dès le rond-point de la route de l'aéroport, où commence le filtrage des visiteurs à travers trois barrages avant d'y accéder. Des mesures qui risquent de porter un sérieux coup à une manifestation sensée être publique. Le public empêché de prendre des photos L'autre fait qui a marqué cette soirée a été l'excès de zèle manifesté par les organisateurs à la salle Zénith, où le public présent, qui a accédé à la partie supérieure de la salle réservée au «peuple» a été prié de laisser les appareils photo et autres tablettes à l'entrée. Une sorte de réception a été improvisée avec une table où tout le monde devra laisser ses appareils contre la remise d'un papier en guise de décharge. Chose qui a surpris plus d'un, ce qui a poussé aussi certains à user de stratagèmes pour faire passer appareils photos et autres en cachette. Il fallait voir la grande déception qui se lisait sur les visages, surtout pour les nombreuses familles qui voulaient filmer le spectacle ou prendre des photos souvenir pour immortaliser ces moments qu'on ne vit, malheureusement, que rarement dans cette ville sevrée d'activités culturelles de cette envergure. Pourtant, un peu plus bas, dans l'espace réservé au «VIP», dont une partie des présents n'était même pas intéressée par le spectacle, on filmait tranquillement. Personne parmi les organisateurs n'a pu nous justifier cette mesure injustifiable et ridicule, avant de se confondre en excuses plates et froides, mais c'était à la fin du spectacle. C'est vraiment dommage.